EDITO. Un "musée des horreurs"? Les syndicats ne parlent que de pouvoir d'achat mais ils poussent des cris d’orfraie quand on propose de monétiser des jours de vacances

L’idée d’Astrid Panosyan-Bouvet d'ouvrir la possibilité de monétiser la cinquième semaine n’est pas nouvelle: c’est du bon vieux "travailler plus pour gagner plus".
Elle a pourtant fait sauter sur leur chaise les syndicats qui menacent déjà de se mobiliser à la rentrée. Les patrons des cinq principales centrales syndicales ont d'ailleurs prévu de se parler ce vendredi pour harmoniser leurs violons face à la ministre sur la question des congés payés, mais aussi sur différentes mesures qui seront discutées à la rentrée sur le travail ou l’assurance-chômage.
Mais sur le point précis des congés, la ministre du Travail ne fait rien d'autre que de proposer une liberté supplémentaire. Une liberté de choix pour les travailleurs!
"Un droit nouveau", sans remise en cause des droits et protections actuelles, et qui "resterait à la main de chaque salarié", a indiqué la ministre. Un droit nouveau qui sera discuté entre l’employeur et le salarié. Et qui sera, évidemment, soumis aux partenaires sociaux. Et donc, un droit nouveau qui pourra être "négocié sur son principe et ses modalités".
Franchement, on se demande où est le mal. Pourquoi une telle levée de boucliers, quand, pour une fois, on propose un peu plus de libertés individuelles?
C'est comme le compte épargne-temps
D'autant plus que ça ressemble quand même beaucoup au compte épargne-temps, cette proposition. C’est l’équivalent du rachat des RTT dans les grands groupes.
Alors, Marylise Léon a beau jeu de dire que "le sujet numéro un, c'est la question du pouvoir d'achat". Et que "ce n'est pas aux salariés eux-mêmes de se payer un peu plus de marge de manœuvre pour boucler les fins de mois en rognant sur leurs congés".
Le problème, c’est que le pouvoir d’achat, il n’est pas retenu par les entreprises – elles payent plus de deux fois en salaire brut chargé que le net du salarié. La progression des salaires est évidemment contenue par le poids des charges. Je rappelle que pour augmenter de 100 euros nets un salarié au SMIC, cela coûte 442 euros à l’employeur.
Et puis, on oublie une question de fond dans cette polémique, c’est celle de la production de richesse. Cette mesure, comme l’idée de la suppression de deux jours fériés, est faite pour augmenter le volume de travail dans ce pays.
On travaille moins que les autres Européens tout au long de la vie à cause du chômage des jeunes et des seniors, et au sein même d’une année. Un peu moins de 1.500 heures par an, contre près de 1.700 en Allemagne ou 1.800 en Italie.
Notre PIB potentiel est tombé de 1,3 % à 1 % seulement...
Une nation qui ne travaille plus est une nation qui s’abandonne. Alors arrêtons de pousser des hauts cris dès qu’il s’agit de travailler plus, et retroussons-nous les manches.