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EDITO. Référendum: la formulation de la question pourrait donner des réponses différentes

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Emmanuel Macron prévoit de lancer un ou plusieurs référendums au printemps pour relancer sa fin de quinquennat. Quels sujets pourraient être proposés?

L’article 11 de la constitution cantonne les référendums aux questions d’organisation du pouvoir, aux questions économiques, sociales ainsi qu'aux questions environnementales.

Donc la grande idée d’un référendum sur l’immigration que réclame de longue date le Rassemblement national et dont on parle beaucoup en ce moment à la droite du gouvernement n’est tout simplement pas possible, sauf à modifier la constitution, ce qui n’est pas dans les plans de l’Élysée.

Ce que cherche le président de la République, c’est à insuffler un peu de démocratie directe dans une Ve République essoufflée.

Mais si cela fait vingt ans qu’on n’a plus recouru au référendum, la dernière fois, c’était le 29 mai 2005 sur la Constitution européenne, c’est bien parce qu'on sait que le risque majeur, c'est que les Français répondent par la négative, quelle que soit la question.

Alors pour désamorcer l’effet défouloir, l'Élysée pense avoir trouvé la parade : passer par plusieurs référendums - des “referenda” comme on dit au Château - espérant ainsi banaliser l’exercice.

Est-ce qu’on sait quels sujets pourraient être abordés ?

Lundi, la ministre du Budget Amélie de Montchalin s'est dite favorable à l'organisation d'un référendum qui poserait la question du financement de notre sécurité sociale, qui repose aujourd'hui principalement sur le travail.

"On voit qu'aujourd'hui, ça crée un problème de compétitivité et pouvoir d'achat", a déclaré la ministre.

C’est le moins que l’on puisse dire quand pour un salaire net de 2800/2900 euros, votre employeur doit débourser... 7000 euros !

Le sujet tourne beaucoup en macronie. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, y travaille et Gabriel Attal défend l’idée d’un tel référendum.

A droite, ce sont les sujets migratoires qui tiennent la corde. Bruno Retailleau pense pouvoir contourner l’article 11 en posant le sujet de l’AME sur la table. Laurent Wauquiez propose de limiter les aides sociales aux étrangers vivant depuis au moins trois ans en France (aujourd'hui, il faut justifier de neuf mois de résidence sur une année civile, en une ou plusieurs fois). Gérald Darmanin a lancé l’idée pour sa part l’idée d’un référendum sur le droit du sol.

Après, la question, c’est justement... "comment on pose la question ?".

Demander : "est-ce que vous voulez augmenter votre salaire net en élargissant la base des cotisations sociales ?" ou "voulez-vous augmenter la TVA et les taxes sur votre épargne pour baisser les cotisations sociales salariales ?", ce n’est pas tout à fait la même chose.

Demander : "voulez-vous continuer à financer des soins gratuits à n’importe quel étranger sur notre sol" ou "voulez-vous un bouclier sanitaire de protection contre les maladies rares pouvant entrer sur le territoire avec des migrants ? ”, ce n’est pas la même chose non plus.

Et à Matignon, on en pense quoi ?

François Bayrou a évoqué plusieurs dossiers qu’il compte gérer post-budget : éducation, efficacité de l’Etat et des services publics, réindustrialisation, aménagement du territoire et décentralisation, santé et revenus du travail... Que des sujets qui peuvent être soumis à référendum. Des référendums qui pourraient s’étaler dans le temps et courir jusqu’en 2027.

On ne sait pas ce que donneront les réponses, mais en tout cas les questions donnent déjà un avant-goût de ce que sera la campagne présidentielle. Au sommet de la pile : pouvoir d’achat et immigration.

Raphaël Legendre