ÉDITO. L’Agence Bio, premier test pour les économies du gouvernement Bayrou

Je ne sais pas si vous connaissiez l’Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique, moi non. Mais si vous voulez savoir si François Bayrou tiendra sa promesse de rétablissement des comptes publics, regardez ce qu’il se passe depuis quelques jours autour de cette agence de l'Etat, créée en 2001 pour promouvoir une agriculture sans pesticide et engrais de synthèse.
Une noble tâche, mais vendredi, les sénateurs ont voté la suppression de ses crédits avec l’accord du gouvernement. Ils estiment que ses missions peuvent être reprises par d'autres opérateurs comme FranceAgriMer, ou réinternalisées par les services du ministère de l'Agriculture.
Une menace de fermeture qui a provoqué une véritable levée de boucliers des acteurs de la filière, comme la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, la Confédération paysanne ou bien encore la Fédération nationale d'agriculture biologique.
Tout ce petit monde dénonce "un coup très dur pour la transition alimentaire et agricole", une attaque en règle "contre la transition alimentaire et agricole". Bref, la fermeture de cette agence de promotion, c’est le bio qu’on assassine !
Mais est-ce qu’on fait vraiment des économies en supprimant cette agence?
C’est l’argument de la défense : ce ne sont là que des économies de bouts de chandelles. Et c’est vrai que ce n’est pas avec la fermeture de l'agence du bio qu'on va solder nos 180 milliards d'euros de déficits.
Mais quand même, en fouillant dans les annexes du budget 2025, on découvre que depuis 2021, la trésorerie de l'agence est passé de 4,3 millions d’euros à 21,4 millions d'euros... Une augmentation de +396% !
La masse salariale a, elle, augmenté de plus de 14 % à 1,5 million d’euros, répartis entre une vingtaine de salariés, soit 66 000 euros par salarié. Pas mal ! Et chaque année, l'agence embauche un ou deux salariés de plus (18 équivalents temps plein en 2021, puis 21 en 2022, 22 en 2023 et 23 aujourd'hui).
Les crédits publics s'affichaient enfin en hausse de 28% en 2025, passant 18 à 23 millions d'euros.
Pris isolément, on se dit que ce n’est pas grand-chose. Mais il faut multiplier cela par 434 opérateurs de l’Etat (et plus de 1.200 agences publiques) qui emploient plus de 402 000 personnes en équivalent temps plein, dont la masse salariale a augmenté de 9% entre 2021 et 2023 (33,5 milliards) pour un budget cumulé de 77 milliards d’euros.
Si on veut redresser la barre et faire le ménage dans le surétatisme, c'est 100 , 200, 300 agences bio qu'il va falloir rationaliser. Une commission d’enquête va d'ailleurs être lancée par les sénateurs LR dans les prochains mois sur le sujet. Le président du groupe au Sénat, Mathieu Darnaud, souhaite identifier les doublons, pour aboutir à des économies.
En attendant, dès cette année, Bercy veut faire 3 milliards d’économie sur les agences de l'Etat en rabotant leur coût de 5%. C’est un début.