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EDITO. Javier Milei, redresseur en chef des comptes publics

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Avant de se rendre au Brésil pour le G20, Emmanuel Macron s'arrête ce week-end en Argentine pour “poursuivre un dialogue exigeant” avec Javier Milei. Un an après son élection, le bilan de ce président pas comme les autres est assez spectaculaire.

Cela fait un an que l’anarcho-capitaliste libertarien mène une expérience économique assez dingue en Argentine, un pays autrefois parmi les plus riches au monde, aujourd'hui ruiné par des décennies de péronisme, ce mouvement de gauche qui promettait “la justice sociale”.

Il y a un an l'inflation était de 211,4% - record du monde -, près de la moitié de la population vivait sous le seuil de pauvreté, la corruption était omniprésente et l'insécurité terrifiante. Une situation catastrophique qui a mené le dégagiste Milei et sa tronçonneuse à dépenses publiques a être largement élu le 19 novembre 2023.

Un an plus tard, quels sont les premiers résultats?

Budgétairement, c’est incroyable. Il a divisé par deux le nombre de ministères (de 18 à 9) et de secrétariats d'État (de 106 à 54).

Plus de 50.000 fonctionnaires contractuels n’ont pas été remplacés, on devrait arriver à 75.000 en fin de l'année. Soixante agences d’Etat ont ou vont fermer leurs portes.

Il a drastiquement réduit les fonds d’Etat aloués aux provinces - où l’on avait jusqu’à 70% d’emplois publics dans certaines comme la Rioja, gouvernée par l’opposition péroniste et qui paye désormais ses fonctionnaires en monnaie locale, le Chocha.

C’est violent, mais le résultat est spectaculaire: de 6% de déficit annuel, le pays est depuis le début de l’année en excédent budgétaire primaire. Une première depuis douze ans.

L'inflation a été divisée par dix, elle est passé de 25 % par mois lors de son élection à 2,7 % le mois dernier. On n'avait pas vu ça depuis 2001 en Argentine.

La vie des Argentins commence à changer, notamment sur le logement. Entre 2018 et 2022, 200.000 biens étaient sortis du marché de la location à cause d’un encadrement hyper stric des loyers (-45% comme à Paris aujourd’hui).

En dérégulant le marché, Milei a fait passer l’offre de 400 à 14 000 logements à Buenos Aires et les prix ont baissé de 20% à 30%.

5% de croissance prévus en 2025

Evidemment, tout n'est pas rose pour autant. Les choses sont plus compliquées sur la politique monétaire, par exemple. Il n’a pas osé supprimer la banque centrale et a maintenu pour l’instant le contrôle des changes, ce qui obère un peu les capacités d’action des entreprises.

Sur les privatisations aussi, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes avec seulement huit sur les 41 promises. En cause: le manque de soutien du Parlement à sa première loi d’urgence. Les choses prendront un peu plus de temps.

L'austérité a fait plonger le pays en récession de 3,5%. Le taux de pauvreté a lui augmenté de 11 points en six mois et dépasse désormais les 50%.

Mais ce qui est dingue c’est que Milei a toujours 50% de soutien de la population. Et la bonne nouvelle, c’est que la croissance doit revenir en 2025: +5%. “Et viva la libertade, Carajo! “

Raphaël Legendre