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EDITO. En 2025, un référendum pour quoi faire?

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Emmanuel Macron a indiqué lors de ses vœux qu’il demanderait aux Français de "trancher" certains "sujets déterminants" en 2025. Quelles sont les options?

Le mot n’a pas été prononcé, mais c’est bien l'idée d'un référendum qu'a lancé Emmanuel Macron dans ses vœux aux Français pour l'année 2025. "Ou de consultations citoyennes", ajoute son entourage, signe que le sujet n'est pas complètement arrêté à l'Élysée.

L'initiative n'en demeure pas moins surprenante, car la dernière fois qu’Emmanuel Macron a redonné la parole au Français, ce n’est pas vieux, c’était au moment de la dissolution. Ça ne lui a pas vraiment réussi...

Emmanuel Macron l'a d’ailleurs reconnu mardi soir pour la première fois, "la dissolution a apporté davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français". "Cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité (...), j’en prends toute ma part", a-t-il même concédé pour la première fois.

L’Edito de Raphaël Legendre : En 2025, un référendum pour quoi faire ? - 02/01
L’Edito de Raphaël Legendre : En 2025, un référendum pour quoi faire ? - 02/01
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Un échec donc, qui ne l'empêche pas toutefois de remettre le couvert. Mais pour quoi faire?

Quatre thématiques "déterminantes" ont été égrainées par le Président. "Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants", a-t-il dit. Le chef de l'État voit loin: ces choix doivent préparer la France de 2050.

En réalité, il est assez contraint par l’article 11 de la Constitution qui encadre les référendums autour de trois sujets: l'organisation des pouvoirs publics, les réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et la ratification d'un traité international.

Sur les politiques économiques, on pense tout de suite aux retraites. La gauche le réclame. Mais on voit mal l’Élysée se lancer dans une telle aventure.

La droite et l'extrême droite réclament de leur côté un vote sur l'immigration. Mais les questions de société ne font pas partie du champ de l’article 11.

Reste la proportionnelle que défend François Bayrou. Pas sûr, néanmoins, que le sujet mobilise les foules.

"Surmonter les blocages parlementaires "

Dès lors, quel est l'intérêt pour Emmanuel Macron? À l'Élysée, on parle de "recoudre le lien entre élus et Français". Le référendum serait "un moyen de surmonter les blocages parlementaires". L'idée est surtout de se remettre au centre du jeu et de gagner un peu de temps avant une prochaine dissolution.

Le risque, c’est évidemment que le référendum se transforme en plébiscite pour ou contre Macron. Les oppositions ne manqueront pas l'occasion. Pour éviter ce piège, une des pistes étudiées serait de soumettre cinq ou six questions au suffrage des Français.

Mais on sait que quelle que soit la question, ces derniers répondent “non” en général. C’est pour cela que personne n’a plus sorti l’arme du référendum depuis l’échec de la consultation sur l'Europe en 2005. L’exercice n’est donc pas sans danger sans le Président. L'occasion de voir si aime Emmanuel Macron aime toujours "prendre son risque".

Raphaël Legendre