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EDITO. Coup de barre à gauche ou à droite: le dilemme de Macron

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Petit point de début de semaine pour se mettre au clair sur les options qui se trouvent ce matin sur la table du président de la République

Bâbord ou tribord, quel cap choisir pour éviter la tempête? C’est la question qui se pose aujourd’hui au capitaine de navire Emmanuel Macron. Une question déterminante pour son avenir. Si l'on entre dans un cycle de censures à répétition et que les gouvernements tombent les uns après les autres, c’est bien la tête du chef de l’Etat qui sera mise à prix. La stabilité est l’assurance-vie du président de la République pour les trente mois qui lui restent à l’Élysée.

Reste à voir de quel côté trouver un flotteur pour stabiliser le paysage politique. À droite avec le Rassemblement national? C’était le non-dit de l’option Barnier et cet accord tacite de non-agression a capoté.

À gauche? Il faudra trouver, si ce n’est le soutien du moins l’abstention du PS et de Liot sur les textes, avec lesquels le socle commun aurait une majorité absolue de 299 voix à l’Assemblée.

Le PS a tendu la main par la voir d’Olivier Faure vendredi. Écologistes et communistes sont à leur tour convié à l'Élysée ce matin. On verra si la poutre NFP est prête à céder, laissant La France insoumise esseulée.

Quelle que soit l'issue des discussions, le cap choisi par le Président déterminera le casting pour Matignon.

Alors que compte faire Emmanuel Macron?

Jusqu’à vendredi, son cœur penchait à droite. La nomination du ministre des Armées Sébastien Lecornu - à la fois très proche d’Emmanuel Macron et Le Pen compatible - était privilégiée jusqu'à une levée de bouclier de la part de l’État-major du socle commun, à tous les niveaux.

Le Modem a menacé de sortir de la coalition. Chez LR, qui considère Lecornu comme un traître, Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy ont mis leur veto, et même chez EPR, il est jugé illégitime à ce poste.

L'alternative s'appelle François Bayrou. Le nom du maire de Pau est sur toutes les lèvres. Mais là aussi, c’est loin d’être la solution parfaite. La droite le déteste depuis que le Béarnais a appelé à voter Hollande en 2012 et chez EPR, il n’y est guère apprécié non plus, mais bénéficie d’une fenêtre d’ouverture avec Gabriel Attal, et même Édouard Philippe qui pense que ce pourrait être une bonne solution.

Reste une troisième voie qui n’est pas à écarter. Celle de Catherine Vautrin qui devait déjà être Premier ministre en 2022 après l’élection présidentielle, et que le président de la République garde en tête.

Après la grande question, c’est pour quoi faire? Quels textes pourraient mettre d’accord la droite et la gauche? Seule certitude, il faudra aller vite pour remettre du vent dans les voiles. Nous sommes lundi 9 décembre et la France n’a toujours ni budget, ni gouvernement.

Raphaël Legendre