BFM Business
Economie

EDITO. Budget: au Sénat, l’heure des comptes a sonné

placeholder video
L'EDITIO DE RAPHAEL LEGENDRE. Y’aura-t-il du sang sur les murs de la salle d’audition du Sénat où Bruno Le Maire promet ce matin de dire toute la vérité et rien que la vérité sur les comptes publics?

Bruno Le Maire répond ce matin aux attaques à son encontre sur les causes de la dégradation des comptes publics lors d'une audition devant la commission des finances du Sénat. Il y aura probablement du sang sur les murs, mais pas forcément celui auquel on pense.

L'ancien ministre de l'Economie et des Finances aurait pu en profiter pour charger la barque du locataire de l'Elysée et ainsi couper définitivement les ponts avec Emmanuel Macron en vue de se lancer pour 2027, il n'en sera rien. Au contraire, Bruno Le Maire pense qu’il faut plutôt resserrer les rangs autour du Président et défendre pied à pied son bilan.

Car il sait qu’après sept années passées à Bercy, il est lui aussi comptable de ce bilan économique, qu’il juge d'ailleurs bon dans l’ensemble, une fois mis de côté le problème des finances publiques.

>>> Bruno Le Maire devant la Commission des Finances du Sénat: suivez l'audition de l'ancien ministre de l'Economie

Par ailleurs, Bruno Le Maire est un villepiniste et chez les villepinistes, on soutient le chef jusqu’au bout. Alors quel sang va couler si ce n’est pas celui d’Emmanuel Macron?

Celui des parlementaires en général, toujours prompt à dépenser plus, et de son ancienne famille en particulier, Les Républicains, majoritaire au Sénat, et dont les amendements ont totalisé 124 milliards d’euros de dépenses supplémentaires l’année dernière, au moment de l’examen du PLF2024.

Il rappellera que les mesures impopulaires qu’il a mises en place pour redresser le cap en 2024 comme la hausse des taxes sur l’électricité en février et les 10 milliards d’annulations de crédits, lui ont fait perdre 15 points dans les sondages d’opinion.

Il rappellera aussi qu’il avait réclamé au printemps un projet de loi de finances rectiificative contre l’avis du Premier ministre Gabriel Attal et du Président , et qu’il est parti en laissant à son successeur 16,5 milliards d’euros de crédits que nouvel exécutif a choisi de ne pas annuler complètement.

Bref, qu’il estime avoir fait le boulot en toute transparence.

41,5 milliards d'euros de trou dans les recettes

Reste le grand mystère des 41,5 milliards d’euros de recettes évaporés cette année. Comment a-t-on pu se retrouver avec un manque à gagner de 11,3 milliards sur la TVA, de 14,5 milliards sur l’impôt sur les sociétés, de 6 milliards sur l’impôt sur le revenu, de 3,2 milliards sur les droits de mutation ou encore de 6,3 milliards sur les cotisations sociales? C'est là que se pose la question de la sincérité.

C'est là aussi que Bruno Le Maire sera très clair: la moitié de cet écart environ provient d’une prévision de croissance trop optimiste, qui pour le coup est un sujet politique puisque cette prévision est discutée entre le ministre, le Premier ministre et le président de la République.

Mais pour le reste, les prévisions de recettes sont un sujet de pure technicité, de modèle économique. C’est donc un sujet pour les services, pour l’administration, comme l’a redit un rapport de l’IGF cet été.

L’administration française s’est trompée, elle n’est pas la seule. En Allemagne ou aux USA, les mêmes phénomènes de baisses inattendues des recettes ont été constatés. Et pour y voir plus clair, une mission a été lancée en interne Bercy pour revoir les modèles de prévisions. Mais de cela, Bruno Le Maire n'y est pour rien.

Raphaël Legendre