Déficit: pour Thomas Cazenave, le dérapage n'est pas lié "à un problème de dépense"

L'ESSENTIEL
- Bruno Le Maire s'est présenté ce jeudi devant la commission des Finances de la Haute assemblée pour s'expliquer sur le dérapage du déficit public. L'ancien ministre de l'Économie a assuré que le dérapage du déficit public de la France à 6,1% du PIB en 2024 était "le choix du gouvernement actuel", réfutant toute "faute" ou "dissimulation" sur la situation des comptes publics. Lire l'article
- Après Bruno Le Maire, l'ex-ministre des Comptes publics Thomas Cazenavea été auditionné à son tour devant la commission des Finances du Sénat. Gabriel Attal sera quant à lui entendu demain à 9 heures, tandis qu'Elisabeth Borne se présentera le 15 novembre à 15 heures. Lire l'article
- La commission des Finances de l'Assemblée nationale devrait également entendre Bruno Le Maire prochainement, elle qui a officiellement demandé à se doter de pouvoirs lui permettant de plancher sur la dérive des finances publiques au sein d'une commission d'enquête. Lire l'article
Ce live est désormais terminé
Ce live consacré aux auditions de Bruno Le Maire et Thomas Cazenave est désormais terminé. Merci de l'avoir suivi.
Thomas Cazenave juge "normal" de demander aux collectivités de participer à l'effort
Au-delà des recettes moins bonnes que prévu, Thomas Cazenave a expliqué le dérapage du déficit par le fait que "les collectivités territoriales n'ont pas intégré ce qui était dans la loi de programmation des finances publiques" qui leur demandait "de réduire leurs dépenses de fonctionnement".
"C'est normal que dans la trajectoire de redressement des finances publiques, on demande aussi aux collectivités de pariticiper", a-t-il dit.
Pour Thomas Cazenave, le dérapage du déficit n'est pas lié "à un problème de dépense"
Devant les sénateurs, Thomas Cazenave a affirmé que le dérapage des comptes publics n'était pas lié à "un problème de dépense" de l'État.
"Le projet de loi de fin de gestion montre que les dépenses de l'État vont baisser en 2024 et que la cause du déficit, ce sont des objectifs de recettes qui n'ont pas été tenus et une augmentation très rapide des dépenses des collectivités territoriales", a-t-il dit. Selon lui, la baisse des recettes expliquerait les trois quarts du dérapage.
Thomas Cazenave assure que le gouvernement "a agi dès que nous avons pu"
Après Bruno Le Maire, Thomas Cazenave est auditionné à son tour par la commission des Finances du Sénat. L'ancien ministre du Budget a justifié le dérapage du déficit par la baisse inattendue des recettes fiscales, à hauteur de 21 milliards d'euros fin 2023.
Mais "nous avons agi dès que nous avons su et dès que nous avons pu", a-t-il dit, évoquant "le décret d'annualtion de 10 milliards d'euros au mois de février pour tenir compte de la baisse des recettes".
"Et nous avons lancé une mission de l’inspection générale des finances pour comprendre comment nous avons perdu plus de 20 milliards d’euros en 2023", a-t-il ajouté. Mission qui a conclu que "80% de cet écart de recettes n’était pas anticipable".
L'audition de Bruno Le Maire est terminée, Thomas Cazenave attendu cet après-midi
L'audition de Bruno Le Maire devant la commission des Finances du Sénat est désormais terminée. À 15 heures, Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics, sera entendu à son tour.
Gabriel Attal répondra quant à lui aux questions des sénateurs demain à 9 heures, tandis qu'Elisabeth Borne se présentera le 15 novembre à 15 heures.
Bruno Le Maire assure que "seule l'augmentation du volume global de travail résoudra nos problèmes"
Pour Bruno Le Maire, "seule l'augmentation du volume global de travail résoudra nos problèmes". "Regardez le chiffres, ils sont sans appel. Parce qu’on rentre plus tard sur le marché du travail, parce qu’on en sort plus tôt, le volume global de travail est beaucoup plus faible que dans d’autres pays de l’OCDE alors qu’il y a beaucoup plus de dépense sociale", a-t-il dit.
"C'est cela le vrai problème des finances publiques françaises et nous avons commencé à le résoudre avec la réforme des retraites et de l'assurance-chômage", a-t-il ajouté.
Bruno Le Maire "prend sa part de responsabilité" mais estime avoir "pris les décisions nécessaires"
"Je prends ma part de responsabilité" sur le dérapage des comptes publics, a déclaré Bruno Le Maire tout en insistant sur le fait que "cette dégradation de 2023 et 2024 est liée à une perte de recettes brutale que d'autres pays ont connue, comme l'Allemagne".
"Face à cet événement, inattendu, imprévisible, brutal, je pense sincèrement avoir pris toutes les décisions nécessaires, même les plus impopulaires", a indiqué l'ancien ministre de l'Économie.
Pour Bruno Le Maire, "la passion de la dépense publique n'a d'égale que la passion pour les impôts"
Devant les sénateurs, Bruno Le Maire s'est félicité de n'avoir "jamais cédé, à aucun moment, à la facilité de l'augmentation des impôts", malgré "les crises majeures" auxquelles la France a été confrontée.
"J’ai toujours dit non. Non à l’augmentation de l’IS. Non à l’augmentation du PFU. Non à de nouvelles taxes sur l’épargne des Français. Car je sais trop bien qu’en France, on commence par taxer les riches et on finit par taxer les classes moyennes, on vise les entreprises du CAC 40 et on finit avec les PME", a-t-il dit.
Et de déplorer qu'en France, "la de la dépense publique n’a d’égale que la passion pour les impôts".
"Je ne voudrais pas que 6 mois effacent 7 ans de travail collectif": Bruno Le Maire défend son bilan
Après s'être défendu sur le dérapage du déficit ces derniers mois, Bruno Le Maire a tenu à rappelé son bilan durant sept ans au cours desquels "nous avons créé 2,7 millions d'emplois".
"Je ne voudrais pas que 6 mois effacent 7 ans de travail collectif", a-t-il dit.
Et de poursuivre: "Le taux de chômage est au plus bas, le taux d’emploi au plus haut depuis 50 ans. En 7 ans, nous avons engagé la réindustrialisation de la France et notre économie a enregistré de meilleures performances de croissance que la plupart de ses voisins de la zone euro, Allemagne comprise. En 7 ans, nous sommes redevenus la nation la plus attractive pour les investissements étrangers".
Bruno Le Maire déclare avoir "fait le maximum pour stabiliser la situation"
Face à une détérioration de la conjoncture et des comptes publics début 2024, "nous avons fait le maximum avec Thomas Cazenave pour stabiliser la situation et préserver le rétablissement de nos comptes publics", a déclaré Bruno Le Maire.
"Nous avons fait les choses rapidement, avec sérieux et une pleine conscience de la gravité de la situation. Début juin 2024, l’application pleine et entière des mesures que nous avions proposées avec Thomas Cazenave nous aurait permis de contenir le déficit à 5,1% en 2024 sans augmenter les impôts", a-t-il ajouté.
Bruno Le Maire affirme ne pas avoir eu "de désaccord de fond" avec Emmanuel Macron
S'il lui est arrivé de perdre des arbitrages sur le Budget, "on ne démissionne pas pour un arbitrage perdu, on démissionne pour un désaccord de fond", a expliqué Bruno Le Maire.
"Or, nous n'avions pas de désaccord de fond avec le président de la République. Nous avons partagé les mêmes objectifs de politique économique et financière: la croissance, le plein-emploi, l'investissement et le retour sour les 3% de déficit public en 2027", a-t-il déclaré.
Déficit: Bruno Le Maire dit avoir "alerté, pris les décisions et changé les objectifs en temps utile"
Accusé d'avoir tardé à réviser la prévision de déficit après avoir reçu une note du Trésor faisant état fin 2023 d'une nette baisse des recettes de l'État, Bruno Le Maire a dit "avoir alerté, pris les décisions, et changé les objectifs en temps utiles".
"Le ministre des Finances prend sur lui un certain nombre d’informations. Il est responsable d’une économie qui est l’une des plus puissantes de la planète. Il ne prend pas les décisions à la légère il attend d’avoir des certitudes avant de prendre des décisions", s'est-il justifié. "Si c'était à refaire, je referais exactement la même chose".
Dérapage du déficit: Bruno Le Maire dénonce des "accusations brutales et infondées"
Prévu initialement à 4,4% par Bercy, le déficit public a dérapé à 6,1% en 2024. Cette sous-estimation a été reprochée à Bruno Le Maire qui avait décidé de "maintenir l'objectif de déficit à 4,4% en 2024" en début d'année.
"Cette déclaration me vaut aujourd’hui des accusations brutales et infondées sur le thème: il savait et il ne nous a rien dit. Je m’inscris totalement en faux contre ces accusations", a-t-il indiqué, rappelant avoir clairement dit en janvier 2024 "qu'en matière de redressement des comptes, 'le plus dur est devant nous'".
Pour Bruno Le Maire, la première cause du déficit "c’est le poids de la dépense sociale et notre volume de travail insuffisant"
Bruno Le Maire a estimé que "la raison première des déficits, ce n'est pas cet événement exceptionnel sur les recettes, c’est le poids de la dépense sociale et notre volume de travail insuffisant".
"Les dépenses de l’État, c’est 30% du total des dépens publiques, les dépenses des collectivités locales, c'est 20%, la dépense sociale c’est 50%", a-t-il déclaré, ajourtant que "toutes les commissions d’enquête du monde ne changeront rien à cette réalité". "Si la France n’a pas présenté de budget à l’équilibre depuis 50 ans, c’est que le volume global des dépenses publiques est excessif et que le volume global de travail est insuffisant", a-t-il assuré.
L'ancien ministre a ainsi estimé que "nous ne nous donnons pas les moyens de notre modèle social, à un moment où la démographie, , le vieillissement de la population et le progrès technologique le rendent toujours plus coûteux".
Bruno Le Maire a recommandé de sous-indexer les retraites et prestations sociales dès 2024
Evoquant les pistes d’économies suggérées pour le Budget 2024, Bruno Le Maire a dit avoir défendu "la moindre revalorisation des prestations sociales et des retraites". "Nous avions recommandé cette avec Thomas Cazenave pour le budget 2024 en raison de la forte inflation en 2023", a-t-il dit.
Pour l’ancien ministre, "il paraissait juste que les retraités et les bénéficiaires de prestations sociales soient traités de la même manière que les salariés". Un arbitrage finalement perdu par l'ex-locataire de Bercy lors des discussions avec l'Élysée et Matignon: "Nous n’avons pas été suivis sur ce point".
Bruno Le Maire estime "qu'il est extraordinairement difficile" de supprimer "une dépense conjoncturelle en France"
Pour Bruno Le Maire, "nous avons oublié que nous avons connu la crise économique la plus grave hors période de guerre depuis 1929" avec le Covid puis l'inflation. Cette crise a justifié un soutien massif de l'Etat.
Mais "en 2023 les crises sont derrière nous, il faut revenir à la normale et sortir définitivement des mesures de soutien contre l’inflation". Or, "il est extraordinairement compliqué de retirer une dépense conjoncturelle en France" car "toute nouvelle dépense est vite considérée comme un acquis", a-t-il déploré.
Bruno Le Maire dit avoir "protégé massivement" tous les Français
Si Bruno Le Maire a assuré que le désendettement de la France et la réduction des déficits ont été ses "objectifs constants à la sortie de la double crise du Covid et de l’inflation". Il a toutefois rappelé avoir "protégé massivement et efficacement les salariés, les entrepreneurs, tous les Français. Qui peut s’en plaindre?".
"Nous avons protégé en alourdissant la dette publique de 15 points, quand 35 points de dette publique supplémentaire ont été nécessaires face à la crise financière de 2008 – 2010, qui a porté notre endettement public de 60 à 95%", a-t-il poursuivi, affirmant par ailleurs avoir "résisté au déluge dépenses supplémentaires que la plupart des parlementaires n’ont cessé de (lui) proposer dans cette période et jusque dans les derniers mois de 2023".
Bruno Le Maire assure qu'"il n'y a eu ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie"
L'ancien locataire de Bercy a justifié le dérapage du déficit par une "grave erreur technique d'évaluation des recettes" par son administration à laquelle il a "répondu avec la plus totale détermination et la plus totale transparence".
Mais "il n'y a eu ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie", a-t-il dit.
Bruno Le Maire affirme que le déficit de 6,1% en 2024 "est le choix du gouvernement actuel"
Face aux sénateurs, Bruno Le Maire s'est défendu d'avoir porté le déficit public à 6,1% en 2024, affirmant avoir prévu des mesures plus fortes pour le ramener à 5,5%.
"Quand on me dit que le déficit en 2024 sera à 6,1%, c'est le choix du gouvernement actuel. Et j'apporterai toutes les preuves que nous pourrions avoir en 2024, avec des mesures de redressement plus rigoureuses, un déficit autour de 5,5%. Je conteste donc formellement ce chiffre de 6,1%", a-t-il dit.
60 milliards d'euros d'effort budgétaire nécessaire
Face au dérapage du déficit public, le projet de loi de finances du gouvernement vise "60 milliards" d'euros d'effort budgétaire, en réductions de dépenses et impôts nouveaux. Son objectif est de commencer à réduire le déficit, à 5% du PIB en 2025 puis à 2,8% en 2029, sous le seuil maximal de 3% autorisé par l'UE.
Selon le ministre de l'Economie Antoine Armand, la deuxième économie de la zone euro serait le dernier pays à rentrer dans les clous budgétaires européens, alors qu'elle en est aussi le troisième pays le plus endetté derrière la Grèce et l'Italie (presque 115% du PIB attendus en 2025).
Des annulations de crédits supplémentaires pour tenir l'objectif des 6,1%
L'audition de Bruno Le Maire intervient alors que le dérapage du déficit public à 6,1% du PIB en 2024 a été confirmé mercredi par le projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG) présenté en Conseil des ministres et qui prévoit des économies supplémentaires dans un contexte budgétaire très tendu.
Le PLFG devrait être examiné à partir du 19 novembre à l'Assemblée nationale, après le vote prévu sur l'ensemble du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, selon un calendrier publié par le gouvernement sur internet.
Il est présenté alors que le projet de budget pour l'an prochain fait l'objet d'âpres discussions à l'Assemblée nationale, où le gouvernement a subi des revers, venant parfois de son propre camp.
Bruno Le Maire face à la commission des Finances du Sénat
Bonjour et bienvenue dans ce live consacré à l'audition de Bruno Le Maire devant la commission des Finances du Sénat qui se penche sur la dégradation des finances publiques depuis 2023.
L'ancien ministre de l'Economie sera amené à s'expliquer sur le dérapage du déficit public qui devrait atteindre 6,1% du PIB en 2024, contre 4,4% prévus initialement.
"Il est normal d'essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, les responsabilités de chacun. Il faut que chacun assume et dise comment la situation a été vécue" au sein du gouvernement, explique le rapporteur général du budget Jean-François Husson (Les Républicains), qui pilote cette mission aux côtés du président de la commission des Finances Claude Raynal (Parti socialiste).