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EDITO. Budget 2026 : 40 milliards d'euros d'économie, un changement majeur dans notre quotidien, vraiment?

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Les oppositions menacent de censurer le gouvernement qui annonce 40 milliards d'euros d'effort en 2026. N'oublions pas que nous avons inscrit 50 milliards dans le projet de loi de finances 2025 sans que quiconque ait senti un changement majeur dans son quotidien.

Il n’a pas fallu 24 heures pour que La France insoumise et le Rassemblement national brandissent la menace d’une motion de censure, après que le ministre des Finances, Éric Lombard, a annoncé dimanche un effort de 40 milliards d'euros l'an prochain pour ramener le déficit public de 5,4 % du PIB – objectif 2025 – à 4,6 % en 2026.

La marche est importante, l’objectif est ambitieux... mais absolument nécessaire. Tant qu’on est au-dessus des 3% de déficit, notre dette continue de croître. Elle a bondi de près de 1.000 milliards d’euros en cinq ans. Et rien ne semble l’enrayer.

La dette est aujourd’hui de 113% du PIB et court tout droit vers les 120%, quand la moyenne de la zone euro est inférieure à 90%.

Mais c’est vrai que ce chiffre peut faire peur quand même...

Oui, 40 milliards, c’est beaucoup ! Mais c’est étonnant : tout le monde semble avoir oublié que Michel Barnier a présenté un effort de 60 milliards pour 2025 à l’automne dernier. C’était pourtant il n’y a pas si longtemps : à peine six mois.

Tout le monde semble aussi avoir oublié que nous avons inscrit 50 milliards dans le projet de loi de finances pour 2025. Sans que quiconque ait senti un changement majeur dans son quotidien.

Les seuls qui vont le sentir, ce sont les grandes entreprises et les ménages les plus aisés, qui ont dû payer un impôt exceptionnel de 10 milliards cette année.

Donc, quand Jean-Luc Mélenchon et les autres élus de LFI tweetent que “le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010”, ou qu’il se prépare “une saignée historique”, ils agitent une fois de plus des peurs infondées.

Il ne faut pas s’attendre à une "saignée" dans les dépenses ?

Non, car il faut bien expliquer que ces 40 milliards sont calculés en “tendanciel”, c’est-à-dire par rapport à la hausse naturelle des dépenses si l’on ne faisait rien pour les maîtriser.

Parce que la population croît, vieillit, les dépenses de retraites et de santé augmentent. C’est logique.

Le problème, c’est que le montant de ce tendanciel est l’un des secrets les mieux gardés de la République. Bercy le protège farouchement ! Le ministre assure simplement qu’il veut réduire légèrement la dépense en volume, c’est-à-dire hors inflation et hors charge de la dette.

Mais chez les technos, on est un peu moins optimiste. Si l’on arrive à contenir la hausse des dépenses en dessous de 1%, ce serait déjà pas mal. Donc la réalité, c’est que la dépense va continuer d’augmenter, parce que personne n’aura le courage de couper massivement dans les dépenses à un an de la présidentielle.

Il y aura des efforts, oui. Mais pas d’austérité.

Raphaël Legendre