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Edito. Au sein de la majorité, la guerre fiscale est déclarée

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. La pression sur le gouvernement ne vient pas seulement de l'extérieur avec le Rassemblement national. Elle vient aussi de l'intérieur, comme l'ont montré Gérald Darmanin et plusieurs députés ce week-end.

Depuis des semaines, on explique que Marine Le Pen aura le droit de vie et de mort sur le gouvernement à l’Assemblée. Mais est-ce si vrai en réalité?

Car pour renverser le gouvernement, il faudrait que le Nouveau Front populaire s’allie aux voix du RN, ce qu’ils ont toujours refusé de faire. Si l’inverse est un peu plus envisageable, rien ne dit que le Rassemblement national arrive à ses fins.

A contrario, ce qui devient de plus en plus évident au fur et à mesure des semaines, c’est que le vrai danger pour Michel Barnier pourrait en réalité venir de l’intérieur de la coalition, et notamment des ex-Renaissance qui se sont fait sortir du gouvernement.

Les off de Legendre : Barnier, quel discours de politque générale ? - 30/09
Les off de Legendre : Barnier, quel discours de politque générale ? - 30/09
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On pense bien sûr à Gabriel Attal, qui n’a toujours pas digéré de se faire mettre dehors après huit mois seulement à Matignon, et qui maintient une pression constante sur son successeur. Mais aussi à Gérald Darmanin qui a peu goûté la manière dont Michel Barnier l’a exclu du gouvernement, lui qui voulait les Affaires étrangères.

Illustration ce week-end avec Gérald Darmanin qui a fait savoir lors de sa rentrée politique que – bien sûr - il soutenait "le gouvernement de Michel Barnier" – mais un peu comme la corde soutient le pendu.

"Je sais que nous serons nombreux à ne pas pouvoir soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts : cela serait contraire à tout ce que nous avons fait de positif pour les Français", a-t-il dit.

Avant la sortie de Darmanin, deux députés macronistes, Charles Rodwell et Mathieu Lefèvre, un proche de Darmanin, ont publié chez nos confrères de la Tribune dimanche un texte cosigné par 25 députés EPR jugeant “impensable" d’augmenter les impôts après sept ans de baisse.

On a connu soutien plus solide à la veille d’une déclaration de politique général. Mais l’adage en politique est bien connu: "Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge."

Tensions sur le budget

Tout cela n'est pas vraiment de bon augure pour l'examen du projet de loi de finances qui débutera par la partie fiscale. Si la première partie du texte n’est pas votée, cela posera de gros problèmes pour la suite. L’examen pourrait en être bloqué.

Or, il ne faut pas oublier que la majorité des 40 à 50 milliards d’euros d’efforts qu’il faudrait faire l’année prochaine, doivent très majoritairement porter sur les économies en dépenses, et donc sur la seconde partie du texte budgétaire.

Les macronistes ont beau jeu de défendre les baisses d’impôts depuis sept ans, la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons est aussi leur héritage. Le jeu politique est une chose, mais un peu de concorde pour nettoyer tout ce bazar serait tout de même de bon aloi.

Raphaël Legendre