ÉDITO. À l'Assemblée, l'étonnant débat sur l'Ukraine

Sur la forme, les députés qui se sont succédé lundi 3 mars pour parler de la guerre en Ukraine à l'Assemblée nationale se sont exprimé avec une forme de gravitas que l’on était content de retrouver à l’Assemblée. Sur le fond, un consensus a même semblé se dégager autour de trois points.
D’abord un soutien clair et sans ambiguïté au peuple ukrainien face à l’agresseur russe. On l’a oublié, mais il y a un an, le même débat s’était tenu concernant l'accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février 2024, qui prévoyait un renforcement de la coopération militaire pour 10 ans entre nos deux pays.
La France insoumise et les communistes avaient voté contre le soutien à l’Ukraine. Marine Le Pen avait pour sa part exprimé des réserves sur l'accord, critiquant la rhétorique guerrière du gouvernement. Le RN avait choisi de s'abstenir.
Les deux extrêmes traitaient Emmanuel Macron de va-t-en-guerre après ses déclarations sur l’éventuel envoi de troupes au sol pour le maintien de la paix. Lundi, même Marine Le Pen s’est dite d’accord avec cette option casque bleu.
Deuxième point, la nécessaire réaction après la spectaculaire altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi est aujourd'hui partagée de tous.
Tout comme, troisième point, le besoin pour la France et l’Europe de davantage prendre en main leur destin par une augmentation des dépenses militaires.
Défense européenne
Après bien sûr, tout le monde n’est pas d’accord sur les moyens d’y arriver. Marine Le Pen a notamment rappelé que "la compétence de sécurité et de défense ne revient pas à la Commission, mais aux États" et que "la sécurité de l’Europe ne passera pas par une défense européenne, mais par le renforcement concerté des défenses de chacune des nations européennes".
Mais là encore, on n’est pas loin du concept d’Europe des États nations cher à Jacques Delors. Le "renforcement concerté", c'est de la collaboration européenne.
Marine Le Pen a aussi tiré à boulets rouges sur le partage de la dissuasion nucléaire, sauf qu'il n’a jamais été question de partager les codes, comme l’a rappelé ensuite Sébastien Lecornu. Simplement élargir le parapluie stratégique aux autres pays européens, notamment les États Baltes.
Il y aussi une autre fracture sur l’adhésion ou pas de l’Ukraine à l’UE ou à l’Otan. Le bloc central est pour, les extrêmes sont contre. Mais tout cela prendra encore beaucoup de temps.
D’ici là, la classe politique française est quand même globalement favorable à un renforcement de l’effort miliaire. Reste à voir quoi faire au niveau européen. Ce mardi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" qui doit lui permettre de mobiliser près de 800 milliards d'euros pour sa défense, et de fournir une aide immédiate à l'Ukraine.