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Ecotaxe sur l'aérien: le patron d'Air France-KLM critique une idée "irresponsable et catastrophique"

Le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith, le 20 février 2020 à Roissy

Le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith, le 20 février 2020 à Roissy - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Dans une interview à L'Opinion, Ben Smith est notamment revenu sur cette proposition prévue dans la Convention Citoyenne pour le Climat. "Cette écotaxe provoquerait instantanément des dizaines de milliers de suppressions d’emplois" prévient-t-il.

Les compagnies aériennes en sursis. Alors que les aides publiques vont se tarir dans les mois à venir, certaines ne survivront probablement pas à la crise. "Les faillites ont déjà commencé et elles vont s’accélérer dans les prochains mois" explique Ben Smith, le patron d'Air France-KLM dans L'Opinion.

La faute aux règles sanitaires qui limitent drastiquement la circulation des personnes. Et une nouvelle proposition d'écotaxe sur le secteur aérien, incluse dans la Convention Citoyenne pour le Climat, fait désormais frémir Ben Smith. "Ce serait irresponsable et catastrophique pour notre groupe" prévient-il. "Par exemple, Air France dégageait, avant la crise, un résultat opérationnel de 280 millions d’euros seulement. Comment serait-elle capable de supporter un impôt qui lui coûterait entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros par an ? (…) Cette écotaxe provoquerait instantanément des dizaines de milliers de suppressions d’emplois."

De quoi survivre douze mois

D'autant que le groupe reste encore dans une situation très fragile. Si le trafic a peu remonté pendant l'été, il est retombé à la fin des vacances et la compagnie reste en grande difficulté malgré les aides des Etats français et néerlandais. "Ces soutiens nous permettent de tenir moins de douze mois" prévient-il. "Nous sommes en train de discuter avec nos actionnaires de la manière de renforcer notre bilan au-delà de cette période. Un, trois ou cinq milliards d’euros ? Il est trop tôt pour chiffrer le montant d’une éventuelle recapitalisation.

La priorité est donc désormais la chasse aux dépenses. "Nous devons tout faire pour réduire fortement nos coûts" souligne Ben Smith. Cela passe notamment par la rationalisation de Hop !, le réseau domestique d'Air France mais aussi par des réductions du nombre de postes. 7580 emplois vont être supprimés d'ici fin 2022. Suffisant ? "La pyramide des âges au sein d’Air France nous aide car elle va entraîner beaucoup de départs naturels" explique le patron.

Une chose est sûre, Ben Smith croit encore à l'aérien et surtout à la survie d'Air France-KLM. "Les compagnies du groupe ont surmonté tellement de bouleversements (la guerre, la dérégulation du secteur, le passage d’un marché de luxe au low cost, le 11 septembre…) qu’elles auront les moyens de faire face et de survivre.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business