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Union européenne

Un Brexit dur pourrait conduire le Royaume-Uni à stocker massivement des produits alimentaires

Theresa May

Theresa May - Tatyana ZENKOVICH / POOL / AFP

Face aux risques de hausse des prix et d'éventuels problèmes d'approvisionnement en cas de rupture brutale avec l'UE, le gouvernement britannique aurait prévu plusieurs mesures d'urgence.

C’est une rumeur qui fait couler beaucoup d’encre outre-Manche. Selon The Sun, le gouvernement britannique aurait prévu plusieurs mesures d’urgence à mettre en place si le Royaume-Uni venait à quitter l’Union européenne sans accord commercial le 29 mars 2019. Un plan de stockage alimentaire et de médicaments serait notamment en cours de préparation. Une précaution que le nouveau ministre du Brexit, Dominic Raab, n’a pas démentie.

S’il s’est montré confiant quant à l’issue des négociations avec Bruxelles, Dominic Raab a assuré que le Royaume-Uni se tenait prêt à toutes les éventualités. Il a ajouté qu’une série de notes techniques seraient publiées au cours de l’été pour informer les entreprises, les expatriés et les citoyens de l’impact possible d’un Brexit dur.

La London School of Economics a d’ores et déjà dévoilé une étude dans laquelle elle affirme que le secteur agroalimentaire britannique sera secoué par une augmentation des prix des produits laitiers en cas de rupture brutale avec l’UE. Elle pointe notamment le ralentissement de l’acheminement des laitages jusqu’au Royaume-Uni en raison du durcissement des contrôles à la frontière. Elle estime en outre que sept minutes d’inspection à la douane par conteneur conduiraient à un surcoût de 111 livres sur la cargaison.

Déficit de production alimentaire

En mai dernier, un autre rapport de la commission Environnement de la Chambre des Lords mettait également en garde sur la possible flambée des prix en raison des tarifs douaniers sur les importations britanniques qui pourraient avoisiner en moyenne les 22% voire 40% pour le bœuf et 44% sur le fromage.

"Cela ne veut pas dire que les prix de l'alimentation augmenteraient de 22% pour les consommateurs. Mais il ne fait aucun doute que les prix à la caisse seraient in fine plus élevés", avait indiqué la commission.

Il faut dire que le Royaume-Uni souffre d’un véritable déficit de production dans ce secteur puisqu'il importe 51% de ses produits alimentaires. Or, "80% de cette nourriture importée vient d’Europe et 90% de cette nourriture passe par le corridor de Douvres", affirme au Financial Times Peter Ward, directeur général de la UK Warehousing Association.

Des problèmes d'approvisionnement?

Au-delà de la hausse des prix, beaucoup s’inquiètent d'éventuels problèmes d’approvisionnement dans les mois suivants le Brexit. Dans le secteur pharmaceutique, les entreprises, craignant des pénuries de médicaments, commencent à stocker. Et pour cause, la délocalisation de l’Agence européenne des médicaments, actuellement basée à Londres, pourrait faire perdre au Royaume-Uni de nombreuses licences autorisant la mise sur le marché de certains médicaments.

"Au total, environ 8000 médicaments sont enregistrés au Royaume-Uni et commercialisés dans toute l’Europe, ou enregistrés dans une autre pays européen et commercialisés au Royaume-Uni. C’est énorme", a déclaré à Euractiv Adrian van den Hoven, directeur général de Medecine for Europe.

Une portion d'autoroute réquisitionnée?

Avec le renforcement des contrôles à la frontière en cas de Brexit sans accord, les files de camions risquent de s’allonger au niveau du port de Douvres. Pour y faire face et réduire les embouteillages, l’État britannique prévoit de réquisitionner une portion de l’autoroute M26 afin d’en faire une "zone d’attente" capable d’accueillir 1400 véhicules de marchandises. En clair, il s’agirait de créer un immense parc de stationnement forcé des poids lourds pour soulager le port de Douvres des 10.000 camions qui pourraient être concernés par ces nouveaux contrôles douaniers chaque jour.

Cette information n’a pas non plus été démentie par Dominic Raab. "Bien sûr, si nous n’avons pas d’accord, nous voulons nous assurer que nous sommes préparés pour gérer les effets que cela aurait à la frontière", a affirmé le ministre du Brexit.

Paul Louis