"Présentons la puissance de feu de notre dissuasion": le ministre Jean-Noël Barrot a peur que si l'UE cède aujourd'hui devant Trump elle se soumettra à la Chine demain

Jean-Noël Barrot. - RMC
Riposter pour mieux exister. L'UE joue sa crédibilité dans la négociation sur les droits de douane que veut lui imposer Washington, et si elle cède, demain, ce sera la Chine qui lui en imposera, a mis jeudi en garde le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Dans cette négociation jusqu'à la date butoir du 1er août, "il y a un enjeu de défense de nos intérêts à court terme qui est essentiel, et il y a un enjeu de crédibilité à plus long terme", a déclaré le ministre lors d'une conférence organisée par le mouvement patronal français Medef.
"Si aujourd'hui nous acceptons qu'on puisse lever des droits de douane sur l'Union européenne en faisant le dos rond pour laisser l'orage passer, demain, c'est la Chine, et puis à nouveau les États-Unis, qui reviendront pour lever une nouvelle fois des droits des douane", a-t-il estimé.
Le négociateur en chef de l'UE Maros Sefcovic, chargé d'arracher un accord commercial avec les États-Unis au nom des 27 États membres, s'est rendu mercredi à Washington, où Donald Trump a pris Bruxelles de court en décrétant le week-end dernier des droits de douane de 30% sur toutes les importations du bloc à compter du 1er août.
La Commission européenne a malgré tout l'espoir de trouver une solution négociée avec les États-Unis avant cette échéance, et prépare une riposte.
"Présentons la puissance de feu de nos instruments de dissuasion", a plaidé le ministre français: "Nous ne voulons pas les utiliser mais si nos intérêts économiques vitaux sont touchés, alors nous ne pouvons pas exclure de les mettre en œuvre".
La Commission a établi une liste de produits américains qu'elle pourrait taxer en retour, présentée aux États membres lundi.
Les importations visées, qui représentent une valeur totale de 72 milliards d'euros, ne seront taxées que si l'Union européenne échoue à conclure un accord sur la levée des mesures douanières décidées par le président américain, et si les 27 le décident.
Avions, voitures et bourbon figurent au cœur de la liste européenne, ainsi que certains produits-clé des exportations américaines comme le soja. Mais les services financiers et numériques, moteurs clé des exportations américaines vers l'UE n'y figurent pas.