Pour lutter contre l'inflation, l'UE va-t-elle faire l'impasse sur le bien-être animal?

Continuer à broyer des poussins pour lutter contre l'inflation. Ce pourrait être le nouvel angle d'attaque de Bruxelles en matière de guerre des prix. Le plan pour le bien-être des animaux fait partie d'une stratégie plus grande de révision de certaines normes européennes: "De la ferme à la table". Il propose notamment des initiatives telle que l'extension des surfaces d'élevage pour les volailles, la modernisation des abattoirs ou encore, la très médiatisée interdiction du broyage et du gazage des poussins mâles.
Or, selon le Financial Times, la Commission européenne envisagerait d'alléger les contraintes de ce plan pour limiter leur impact potentiel sur les prix. A l'aube des élections européennes de 2024, et au vu du niveau de l'inflation, le dossier est très sensible à Bruxelles.
Le quotidien économique britannique indique que l'adoption de ces propositions destinées à améliorer les conditions de vie et d'abattage des animaux d'élevage pourrait faire flamber les charges des producteurs et éleveurs de 15%. Et donc, évidemment, le prix final pour le consommateur. L'interdiction du broyage et du gazage des poussins mâles pourrait, par exemple, faire grimper de 60 centimes le coût final d'une douzaine d'oeufs.
Un Pacte Vert pour l'Europe revu à la baisse
Interrogée par BFM Business, une porte-parole de la Commission européenne n'a pas confirmé cette potentielle marche arrière, sans la démentir non plus. "La Commission travaille sur la révision de la législation européenne sur le bien-être animal. Ce travail préparatoire est en cours", explique-t-elle.
"Le bien-être animal est et restera une priorité de la Commission", ajoute-t-elle.
Ces mesures font partie intégrante du Pacte Vert pour l'Europe, lancé en grande pompe en 2019 sous l'égide de la présidente de la Commission européenne, soucieuse de "verdir" l'économie. Pourtant, les oppositions sont nombreuses et ralentissent le processus. Le PPE, le Parti populaire européen dont est issue Ursula Von der Leyen, s'était opposé aux mesures visant à réduire l'utilisation des pesticides d'ici à 2030, entre autres.
Entre opposition des libéraux, crise énergétique et potentielle hausse des coûts de production pour les agriculteurs, les différentes propositions portées par la présidente de la Commission européenne dans le cadre du Pacte Vert ont presque toutes été revues à la baisse ces quatre dernières années.