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Migrants: Cohn-Bendit et Kouchner plaident pour une "répartition européenne"

Bernard Kouchner et Dany Cohn Bendit.

Bernard Kouchner et Dany Cohn Bendit. - Joël Saget et Mathieu Alexandre - AFP

Pour ces deux grandes voix européennes, l'Europe n'est pas à la hauteur des enjeux. Elle devrait, selon eux, trouver les moyens de répartir en son sein les migrants, en préservant la dimension humanitaire de sa démarche.

Plus de moyens conjugués à plus de générosité dans l'accueil des migrants, tel est le credo de deux voix pro-européennes, après les dernières tribulations de l'Aquarius. Le navire humanitaire qui errait en Méditerranée à la recherche d'un port, est arrivé ce mercredi à Malte avec 141 migrants à son bord qui seront ensuite accueillis par cinq autres pays de l'Union européenne. La France, dont le président Emmanuel Macron avait été vivement critiqué en juin pour avoir fermé les portes à l'Aquarius, a pour sa part assuré qu'elle recevrait 60 migrants.

L'ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit plaide ce mercredi pour la création d'"une agence européenne des réfugiés avec un budget conséquent", regrettant que l'Union européenne (UE) n'ait à ce jour "pas de stratégie" sur la question de l'accueil des migrants.

Il y a selon lui "une multiplicité de stratégies complexes à mettre en place mais ni l'UE ni l'ONU n'ont la force de le faire", estime-t-il dans un entretien sur le site internet du quotidien français Le Monde.

Cohn Bendit approuve Macron, mais critique Collomb

L'agence européenne qu'il préconise permettrait d'"aiguill(er) les nouveaux arrivants", explique-t-il, en réclamant aussi l'organisation par l'UE d'"une conférence internationale, sous l'égide des Nations unies, sur le sauvetage en mer pour réunir les ONG et Frontex (l'agence européenne de gardes frontières, NDLR), qui ne se parlent pas".

Il salue néanmoins le fait qu'Emmanuel Macron "essaie de démontrer qu'on a besoin d'une coopération entre pays". Evoquant le cas de "47 réfugiés de l'Aquarius qui avaient été débarqués dans le port de Valence" en Espagne et qui "sont allés à Lille", il souligne qu'"on s'est passé du règlement de Dublin et (que) c'est une très bonne chose".

"Je suis pour que l'on poursuive ce processus et j'attends de M. Macron qu'il l'accélère", dit-il.

Mais le président français est "isolé sur la scène européenne, notamment à cause de l'Allemagne", où la chancelière Angela Merkel est affaiblie, souligne-t-il.

Il critique par ailleurs de nouveau "la politique du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb" qui devrait garder '"un équilibre entre rigueur d'un côté, souci humanitaire de l'autre, comme pendant la campagne présidentielle", mais "ne va pas dans ce sens".

"Bravo l'Aquarius"

Quant à Bernard Kouchner, il estime de son côté que l'Union européenne doit mettre en place "un mécanisme spécifique de répartition" des migrants, et plaide pour que la France soit "plus généreuse" dans leur accueil.

"Finalement, c'est en forçant les choses - bravo l'Aquarius - qu'on finit par se répartir les migrants", a constaté l'ancien ministre des Affaires étrangères et fondateur de Médecins sans frontières.

"A partir de là, il faut vraiment que l'on parvienne à une entente européenne, avec un comité de répartition qui puisse opérer au plus près des départs", estime-t-il dans un entretien au Parisien.

Kouchner souligne "l'offre formidable de la Corse"

"Il faut autre chose qu'un comité des ministres de l'Intérieur qui disent tous la même chose. Il faut un mécanisme spécifique et humain de répartition", insiste-t-il, tout en soulignant qu'"évidemment, il faut faire repartir ceux qui viennent seulement pour chercher du travail".

Il regrette aussi que le gouvernement français n'ait "pas pris l'offre formidable de la Corse (qui a proposé d'ouvrir ses ports à l'Aquarius, NDLR) alors que cela nous aurait en plus permis d'améliorer nos relations avec les Corses".

"La France est le pays des droits de l'Homme et combien a-t-on pris de migrants? C'est une rigolade! (...) La France doit être plus généreuse", demande-t-il.
David Namias avec AFP