BFM Business
Union européenne

Les eurodéputés inquiets de l'influence de la Chine dans les "infrastructures critiques"

placeholder video
Dans une résolution largement adoptée, le Parlement européen s'alarme de la "vulnérabilité" à "l'influence chinoise" d'infrastructures critiques comme les transports, les ports, les réseaux télécoms, les métaux rares ou les câbles sous-marins.

Les eurodéputés ont exprimé mercredi leur inquiétude face à la présence grandissante de la Chine dans des "infrastructures critiques" dans l'UE, pointant notamment pour les ports des "risques de dépendance économique, d'espionnage et de sabotage". Dans une résolution adoptée par 565 voix pour (26 contre, 31 abstentions), le Parlement européen s'alarme de la "vulnérabilité" à "l'influence chinoise" d'infrastructures critiques comme les transports, les ports, les réseaux télécoms, les métaux rares ou les câbles sous-marins.

Dans ce texte non contraignant, les eurodéputés s'inquiètent que la stratégie de "fusion civilo-militaire" de Pékin, qui vise à coordonner autorités et entreprises, "n'ait pour objectif des transferts de technologie afin d'accroître la domination chinoise et de fragiliser ses rivaux géopolitiques".

TikTok pointé du doigt comme source de désinformation

Les parlementaires appellent l'UE et les Etats membres à appliquer "rapidement" un cadre réglementaire élargi pour "exclure les entités susceptibles de participer à cette stratégie", en particulier dans les technologies ayant des applications militaires, en vertu d'un "mécanisme de réaction rapide" pour détecter les usages abusifs d'infrastructures.

"Il y a un quasi-monopole de la Chine sur les puces, les terres rares, et autres: il y a donc de graves inquiétudes en matière de sécurité et d'influence chinoises sur nos infrastructures politiques et militaires", a martelé l'élu slovène Klemen Groselj (Renew), rapporteur du texte.

Le rapport pointe aussi les applications chinoises, considérées comme sources de désinformation ou présentant des risques en matière de vie privée, à commencer par TikTok, propriété du géant chinois ByteDance - dont la Commission européenne et le Parlement européen ont déjà interdit l'accès sur les appareils professionnels de leurs employés.

Evaluer de toute urgence les risques liés aux infrastructures maritimes

Dans une résolution distincte sur les infrastructures portuaires, votée par 585 voix (21 contre, 26 abstentions), les eurodéputés pointent "le risque que pourrait faire courir l'implication économique de pays tiers dans les ports européens en termes de dépendance économique, d'espionnage ou de sabotage". Les élus appellent Bruxelles et les Etats à "évaluer de toute urgence les risques liés à l'implication de la Chine et d'autres pays tiers dans les infrastructures maritimes" et recommandent "un contrôle obligatoire des investissements directs étrangers" pour "bloquer les investissements suspects".

"On a beaucoup parlé de l'achat du port du Pirée (Grèce) par l'entreprise chinoise Cosco en 2016. Mais depuis, il y a eu aussi Hambourg", avec l'investissement controversé de Cosco dans un terminal du premier port commercial d'Allemagne, a commenté mardi l'eurodéputée écologiste Karima Delli.

"Jusqu'où ça va aller? On tire la sonnette d'alarme", a-t-elle poursuivi devant des journalistes, observant que 10% des infrastructures européennes de transports maritimes sont désormais détenues par des groupes chinois.

TT avec AFP