L'accord Mercosur-UE fait aussi grincer des dents côté brésilien

Historiquement, le Brésil a toujours été opposé à l'inclusion du principe de précaution, une revendication de l'UE. - Thierry Zacolan - AFP
"Inacceptable" pour les agriculteurs français, l'accord entre l'UE et le Mercosur inquiète aussi au Brésil. L'accord conclu vendredi soir entre l'Union européenne et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) contient une référence au "principe de précaution", garantissant que les autorités publiques pourront "agir pour protéger la santé humaine, animale ou végétale, ou l'environnement, face à un risque perçu, même lorsque l'analyse scientifique n'est pas concluante".
"Historiquement, le Brésil a toujours été opposé à l'inclusion du principe de précaution, une revendication de l'UE, tant durant les cycles de négociation au sein de l'Organisation mondiale du commerce que lors des discussions bilatérales", explique à l'AFP Pedro Camargo Neto, ancien président de la Société rurale brésilienne et fin connaisseur des questions agricoles.
Evaluer les impacts possibles de ce "principe de précaution"
"Selon nous, les règles déjà existantes dans le cadre de l'accord multilatéral de l'OMC ont été et sont toujours suffisantes pour garantir la santé et la sécurité des populations de l'Union européenne", ajoute cet ancien responsable de la production et du commerce au sein du ministère de l'Agriculture (2000-2002).
"C'est avec surprise que nous avons appris dans la presse que le Mercosur avait accepté cette forme de protection supplémentaire dans l'accord avec l'UE", conclut-il, traduisant l'inquiétude qui règne au Brésil dans le secteur agricole concernant cette clause.
Selon un porte-parole de l'Association brésilienne des industries exportatrices de viande (Abiec), une réunion doit se tenir mardi à Brasilia entre des représentants de ce secteur et le gouvernement pour "évaluer les impacts possibles" de ce "principe de précaution". Les responsables agricoles brésiliens attendent d'en savoir plus pour se prononcer.
Interrogé par l'AFP, le gouvernement n'avait pour l'heure pas donné suite.
Le secteur de la sidérurgie inquiet
"Tout a été négocié pour blinder le Brésil contre un usage inapproprié de cet instrument", a assuré lundi au quotidien économique Valor Pedro Miguel Costa e Silva, en charge des négociations régionales au sein du ministère des Affaires étrangères.
Autre secteur qui ne cache pas sa préoccupation, la sidérurgie. "De manière pragmatique, la sidérurgie brésilienne n'a absolument rien à gagner avec l'accord", a affirmé au journal économique Marco Polo de Mello Lopes, président de l'Institut brésilien de l'acier.
Malgré ces craintes, les marchés accueillaient positivement l'accord. Lundi à la clôture de la Bourse de Sao Paulo, BRF et JBS, deux géants brésiliens de l'agroalimentaire, prenaient respectivement 8% et 5%.