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Union européenne

Finances publiques: pour Thierry Breton, la France est le "mauvais élève de la classe" en Europe

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Invité sur BFMTV-RMC, l'ex-commissaire européen Thierry Breton a estimé que la France était "moins entendue" au sein de l'UE en raison de la situation de ses finances publiques.

La voix française porte-t-elle encore en Europe? Chahutée par l'incertitude politique et économique, la France semble aujourd'hui affaiblie au sein de l'Union européenne. "Lorsqu'on est un pays fondateur" de l'UE, "on se doit de respecter les traités, faute de quoi on est moins entendu", a prévenu ce lundi matin l'ex-commissaire européen Thierry Breton sur BFMTV-RMC.

"Quand on est à 113% d'endettement, que l'agence de notation Moody's nous voit à 120% dans deux ans et que l'Allemagne est à 60%, oui, on ne respecte pas les traités", a développé Thierry Breton, évoquant le traité de Maastricht.
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"Une obligation morale"

"Je l'ai vécu lorsque j'étais moi-même ministre [de l'Économie et des Finances entre 2005 et 2007, ndlr]. Dans les réunions des ministres des Finances […], celui qui était le mauvais élève de la classe, et aujourd'hui la France est le mauvais élève de la classe pour ses finances publiques, on lui dit 'tu fais le travail chez toi et tu parles après', c'est ça la situation", a-t-il affirmé. Pour l'ancien commissaire européen au Marché intérieur, le rétablissement des finances publiques et le respect des traités est "une obligation pour que la France continue à être forte", mais aussi "une obligation morale".

"En Europe, ce n'est jamais de la faute des autres", a rétorqué Thierry Breton, pointant du doigt la responsabilité de la France dans cette situation.

Alors qu'il se préparait à un deuxième mandat à Bruxelles, Thierry Breton a claqué la porte de la Commission européenne en septembre dernier au terme d'un bras de fer avec l'actuelle présidente Ursula von der Leyen. "J'ai estimé […] que la proposition qui était faite à la France pour son commissaire n'était pas, à mon avis, appropriée par rapport au poids de la France" et "j'en ai tiré, en ce qui me concerne, les conclusions", a-t-il déclaré. "Au regard de ce qui se passe aujourd'hui […], je n'ai sans doute pas eu tort de démissionner", a-t-il affirmé.

Couple franco-allemand

L'ex-commissaire a par ailleurs regretté un couple franco-allemand "déséquilibré" à l'heure actuelle. "Il faut veiller, en Europe, à avoir un équilibre entre tous les États membres", a avancé Thierry Breton, pour qui la relation entre la France et l'Allemagne "est essentielle" au sein de l'UE. Mais ce couple franco-allemand est aujourd'hui "trop orienté vers l'Allemagne", selon lui.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV