ÉDITO. Les leçons de la nouvelle Commission européenne

Visiblement, Ursula von der Leyen s'est inspiré du célèbre précepte du père d’Alexandre le Grand, Philippe II de Macédoine, divide et impera (diviser pour mieux régner). Clairement, la répartition des postes de commissaire a été pensée pour qu'ils se neutralisent les uns les autres.
Une seule tête dépassera, celle de la présidente qui, pour commencer, tiendra les cordons de la Bourse.
Car si l'Allemande a eu l’intelligence de distribuer les portefeuilles économiques importants aux pays du Sud -la France hérite d'un super-portefeuille à l’Industrie, l’Italie dispose des Fonds de cohésion, le Portugal des services financiers et l’Espagne de la puissante politique de la concurrence– pas question de leur donner les finances pour autant.
C’est le Polonais Piotr Serafin qui hérite du budget. Un PPE, comme Ursula von der Leyen, et qui rapportera directement à la présidente en plus, histoire de montrer qui est vraiment en charge du porte-monnaie à la Commission.
Inquiétude sur le nucléaire
Par ailleurs, si la France prétend diriger la politique industrielle de l'UE, elle n’aura la main ni sur l’énergie qui revient au Danois Dan Jorgensen, ni sur la transition verte qui revient l'Espagnole Teresa Ribera. Deux farouches opposant au nucléaire, qui risquent d’anéantir tout le travail de la France pour défendre cette énergie décarbonée.
Dernier point important, avec la nomination de l'ancien Premier ministre lituanien Andrius Kubilius à la Défense et l'ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas au poste de Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de défense, l’Europe se met en ordre de marche face à Vladimir Poutine.
Reste aux nommés à passer une audition toujours exigeante devant les députés européens. Outre celle de Stéphane Séjourné, on surveillera celle de l’Italien Raffaele Fitto (ECR), membre du gouvernement nationaliste de Meloni nommé vice-président exécutif en charge de la cohésion et des réformes, et qui soulève d'ores et déjà de nombreuses contestations.
Les auditions se tiendront du 14 au18 octobre, en même temps que le prochain Conseil européen (17 et 18 octobre).