Suppression d'un 2e jour férié: la journée de solidarité du lundi de Pentecôte fonctionne-t-elle?

L'idée d'une suppression d'un deuxième jour férié commence à faire son chemin au sein du gouvernement. Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a semblé ouvert, mardi, à une discussion parlementaire sur une telle mesure, jugeant, de manière générale, que travailler davantage pour participer à l'effort de redressement allait "dans le bon sens". Alors que des parlementaires souhaitent la suppression d'un deuxième jour férié, outre le lundi de Pentecôte transformé en jour de solidarité travaillé, il a répondu sur TF1: "cela fait partie des débats qu'on aura au Parlement".
"Je pense que tout ce qui permet à notre pays de montrer qu'on peut travailler davantage pour participer à l'effort de redressement va dans le bon sens", a-t-il avancé.
Il n'a cependant pas voulu désigner un jour particulier du calendrier: "il faut laisser de la souplesse pour que ça marche". Sur LCI dimanche, le ministre de l'Economie et des Finances Antoine Armand avait lui aussi jugé "la proposition très intéressante, à regarder de près". De quoi remettre un coup de projecteur sur le fonctionnement de l'habituelle journée de solidarité.
Une journée plus forcément fixée le lundi de Pentecôte
Ce dispositif de journée de solidarité a été mis en place il y a 20 ans, après la canicule meurtrière de 2003. La loi du 30 juin 2004 indique que cette journée "prend la forme d’une journée supplémentaire de travail non rémunéré pour les salariés et de la contribution (des employeurs pour financer) l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées." Depuis 2013, les retraités et invalides y contribuent également via leurs pensions. La journée était initialement fixée au lundi de Pentecôte car il ne s'agit pas d'une fête religieuse, la Pentecôte étant le dimanche, et qu'un jour de semaine garantissait des ressources constantes.
Depuis 2008, les employeurs peuvent cependant placer librement ces sept heures supplémentaires de travail dans l'année, voire même les lisser comme c'est le cas à la SNCF. Si bien que le lundi de Pentecôte est progressivement redevenu un jour chômé pour la plupart des Français: alors que 44% travaillaient ce jour en 2005, ils n'étaient plus que 30% dix ans plus tard selon une étude du cabinet Randstad.
Plus de 3 milliards d'euros de recettes en 2023
Mais la journée de solidarité s'applique toujours et ce, sous des formes variées: suppression d'un jour de RTT, travail lors d'un des 10 autres jours fériés ou encore allongement de la durée de travail. Dans certains cas, les entreprises peuvent en faire cadeau à leurs salariés en finançant elle-même cette journée à hauteur de 0,3% de la masse salariale.
En 2023, les recettes s'élevaient à 3,2 milliards d'euros dont 860 millions d'euros proviennent du paiement la contribution additionnelle solidarité économie (CASA) par les retraités et invalides et 2,4 milliards d'euros de la contribution solidarité autonomie des salariés (CSA).
Un récent rapport sénatorial estimait que la création d'une deuxième journée de solidarité "qui pourrait se traduire par la suppression d'un jour férié, permettrait de générer 2,4 milliards d'euros de recettes supplémentaires" afin de financer le fonctionnement des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).