Retraites: coup d'envoi d'une réforme explosive

La réunion est venue confirmée les craintes des syndicats. Le gouvernement veut aller vite sur la question des retraites et l'idée de passer en force n'est toujours pas abandonnée. Deux options ont en effet été évoquées. La première consisterait à prendre les mesures par amendement, dans le cadre du PLFSS, qui pourrait ensuite être adopté via le 49.3. La deuxième option consisterait à lancer une concertation mais là encore, avec la volonté d'aboutir rapidement.
"Le ministre nous a bien dit qu'il n'était pas question de repartir de zéro et qu'en cas de concertation, elle durerait au plus tard jusqu'en mars afin que la réforme entre en vigueur, comme prévu, d'ici l'été 2023", explique un haut responsable syndical.
Sur le fond, l'exécutif n'a en revanche livré aucun détail. S'agit-il d'allonger la durée de cotisation plus vite que prévu, de reculer l'âge légal de départ à la retraite ou de mixer les deux solutions? Pour les syndicats de toute façon, cela ne change rien. Tous sont opposés à toute mesure d'âge et veulent d'abord améliorer l'emploi des séniors ou encore la pénibilité. Autant de sujets qui seraient relégués à plus tard si le gouvernement décidait d'introduire une mesure d'âge dans le PLFSS.
"Une mobilisation sur les retraites pourrait très vite dégénérer en crise sociale"
Les syndicats du coup ne décolèrent pas. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a une nouvelle fois mis en garde le gouvernement ce week-end. Si l'exécutif décide de réformer les retraites par amendement, il promet "une opposition frontale". La CFDT menace de se retirer du CNR, le conseil national de la refondation. De quoi couper court à tous les autres sujets de discussion avec le gouvernement. Elle n'hésitera pas non plus à se mobiliser avec l'ensemble des syndicats. Or, les syndicats sont unanimes: "s'il y a bien un sujet sur lequel nous avons la capacité à faire descendre les gens dans la rue, ce sont les retraites et compte tenu de toutes les tensions sur le pouvoir d'achat, une mobilisation sur les retraites pourrait très vite dégénérer en crise sociale" insistent tous les responsables syndicaux.
C'est d'ailleurs ce qui inquiète au Medef et certains au sein de la majorité. D'autres en revanche soulignent qu'il est toujours plus compliqué de mobiliser, une fois la mesure passée. Et c'est peut-être tout le pari du gouvernement: tuer la contestation dans l'oeuf en faisant passer le recul de l'âge de départ le plus rapidement possible et placer les syndicats devant le fait accompli. Un pari risqué qui sera tranché dans les jours à venir par Elisabeth Borne.