"Le but de la grève est de faire perdre de l'argent aux patrons": pour ce syndicaliste, la SNCF est comme "une multinationale du CAC 40"

Syndicats de cheminots et direction de la SNCF n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur les salaires et les emplois du temps, ce qui laisse planer la possibilité d'une semaine émaillée de grèves dans les transports à partir du 5 mai. Les contrôleurs sont appelés à se mettre en grève les 9, 10 et 11 mai, par Sud-Rail, troisième syndicat à la SNCF mais deuxième chez les contrôleurs, ainsi que par un influent collectif de contrôleurs baptisé CNA (collectif national ASCT). La CGT-Cheminots, premier syndicat, a elle appelé à se mobiliser dès le 5 mai. Sud-Rail a également appelé les conducteurs à la grève le 7 mai, veille de jour férié.
Et plusieurs représentants syndicaux assume le bras de fer avec la direction de l'entreprise à l'image d'Axel Persson de la CGT-Cheminots.
"Le but d'une grève est de faire perdre de l'argent aux patrons, confirmait le secrétaire général du syndicat dans le secteur de Trappes et Rambouillet sur le plateau de BFMTV mercredi soir. La SNCF est une multinationale qui a des milliers de filiales et qui n'a rien à envier aux entreprises du CAC 40 en termes de chiffre d'affaires et de profits."
"Si on est dans cette situation qui alimente cette colère, la SNCF n'est pas une entreprise qui est affaiblie, soulignait-il. Malgré ces soi-disantes 'grèves à répétition', le nombre de voyageurs augmente."
Un bénéfice net en hausse de près de 20% en 2024
Fin février, la SNCF a fait part d'un bénéfice net pour la quatrième année consécutive en 2024, en hausse de 19% à 1,6 milliard d'euros, tandis que le chiffre d'affaires était en croissance de 3,8%, à plus de 43 milliards d'euros. L'entreprise publique a également enregistré un niveau d'investissement record, à près de 11 milliards d'euros, ainsi que quelque 18.500 embauches en CDI, faisant d'elle le premier recruteur de France. SNCF Voyageurs a vu sa rentabilité légèrement baisser en 2024, "essentiellement à cause de l'activité TGV", selon le directeur financier Laurent Trevisani.
"Nous assumons complètement de ne pas répercuter la totalité de la hausse de nos charges sur le prix des billets" pour garantir que les trains soient plein, insistait-t-il los de la présentation des résultats.
La fin d'année 2024 a d'ailleurs été marquée par une modération des prix sur le TGV en raison d'un ralentissement de la demande. "Ca faisait longtemps que ça n'était pas arrivé. Historiquement, le 'yield management' (qui module les prix en fonction de la demande) jouait plutôt à la hausse, mais là il a joué à la baisse", indiquait le PDG du groupe ferroviaire Jean-Pierre Farandou.
"Moins de résultats pour l'entreprise" en cas de grève
La semaine dernière, le patron de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet a estimé que le groupe "ne (pouvait) pas se permettre une grève".
"S'il y en a une, les clients vont essayer la concurrence, que ce soit le covoiturage, le bus ou une autre compagnie ferroviaire", a-t-il avancé dans une interview au Parisien.
La CGT demande, pour les contrôleurs, une "revalorisation" de la "prime de travail" ainsi que la revue des "paramètres" des logiciels d'organisation du travail qui provoquent "d'importants désagréments dans le quotidien" des agents. Pour les conducteurs, le syndicat souhaite la "réouverture des négociations sur la refonte de la prime traction", un "élément de rémunération important chez les conducteurs."
Interrogé sur d'éventuelles nouvelles revalorisations salariales, le PDG de la filiale d'exploitation des trains de la SNCF a rétorqué : "On a fait le job, on a tenu tous nos engagements pris en 2022 sur les demandes légitimes" des contrôleurs. "Pour 2025, je rappelle que nous avons négocié en fin d'année dernière une augmentation générale de 2,2 %, plus que l’inflation", a-t-il également dit.
"S'il y a une grève, cela veut dire moins de résultats pour l'entreprise, donc moins d’investissements dans le ferroviaire et moins de redistribution l’année prochaine pour les cheminots," a-t-il enfin ajouté.