Claire's échappe à la liquidation judiciaire, mais la crainte d'un "plan de licenciement d'une immense envergure" persiste

Claire's n'est pas encore tirée d'affaire. Le tribunal des activités économiques de Paris a maintenu jeudi la filiale française de l'enseigne de bijoux à petits prix Claire's en redressement judiciaire après que trois entreprises ont déposé une offre de reprise jugée "très minimalistes" par les avocats des représentants du personnel.
La justice avait ouvert fin juillet une procédure de redressement judiciaire pour Claire's France, que la direction justifiait par la baisse continue des ventes en magasin depuis plusieurs années, accélérée par les droits de douane américains sur les produits chinois, auxquels Claire's recourt massivement.
S'est alors ouverte alors une période d'observation, que le tribunal a décidé jeudi de maintenir jusqu'à fin janvier à la suite d'un appel d'offres pour une reprise partielle des actifs, alors qu'il avait la possibilité de prononcer immédiatement la liquidation judiciaire.
Trois offres ont été déposées, avaient indiqué mercredi à l'AFP Khaled Meziani et Eve Ouanson, les avocats qui représentent le personnel, sans révéler l'identité des repreneurs potentiels.
Des offres qu'ils jugent "très minimalistes", en particulier en ce qui concerne l'emploi.
"On craint un plan de licenciement d'une immense envergure", déplorait Me Ouanson.
Pour Me Meziani, "ce qui intéresse les repreneurs, ce n'est pas forcément les produits Claire's, c'est surtout les emplacements des magasins", ce qui pourrait signifier la disparition de la marque Claire's en France.
Selon une source proche du dossier, le tribunal pourrait valider d'ici fin octobre une des offres de reprise partielle.
250 magasins et entre 800 et 1.000 emplois en danger
Présentes à l'audience mercredi vêtues de leur t-shirt d'employées, des salariées de Claire's affichaient leurs inquiétudes.
"Les équipes sont à bout psychologiquement, nous n'avons eu aucune communication de la direction depuis le placement en redressement judiciaire", regrette Rachelle, employée d'un magasin parisien, qui n'a pas souhaité révéler son nom de famille.
La marque, connue pour ses boucles d'oreilles fantaisie, ses piercings et ses accessoires à destination des adolescents, comptait début 2024 environ 250 magasins et entre 800 et 1.000 employés, selon les derniers comptes publiés.
Ces derniers montraient que la filiale avait dégagé 1,3 million d'euros de bénéfice net entre fin 2023 et fin 2024, et 0,8 million sur l'exercice précédent.
Les représentants du personnel ont signalé début septembre à la justice des faits qu'ils qualifient "d'irrégularités graves dans la gestion de la société", accusant la maison mère américaine d'avoir "vidé les caisses" via des "flux financiers" entre les nombreuses filiales du groupe.
La direction de Claire's France a refusé de répondre aux sollicitations de l'AFP.