CFDT: la nouvelle secrétaire générale Marylise Léon dévoile les premiers contours de sa feuille de route

Marylise Léon donne déjà le ton. A peine officiellement installée à la tête de la CFDT, la syndicaliste a répondu aux questions de Ouest-France et livré un premier aperçu de la ligne directrice de l'organisation sous son mandat.
"Il n’y a pas de sujet sur lesquels il y aura un virage à 180°!, a-t-elle notamment insisté. Non pas que nous soyons d’accord sur tout. Mais nous avons des lieux de débat, d’arbitrage. Et quand une décision est prise, eh bien, on s’y tient!" Si elle se dit prête "à renouer le dialogue", elle a renouvelé la méfiance de la CFDT à l'égard du gouvernement après l'épisode des retraites durant lequel il "a écarté certaines de nos propositions sans même les examiner."
Parmi ses prochains axes de travail, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT a évoqué la hausse des salaires, la transformation du travail ou encore la réforme du RSA: "Mettre des conditions, ce serait tordre l’objectif de solidarité nationale, cela reviendrait à le confondre avec un dispositif assurantiel, comme l’est l’assurance chômage. Nous resterons vigilants, d’autant plus que le texte va être débattu au Parlement, où il y a une grande diversité de points de vue. Nous nous efforcerons de peser auprès des groupes parlementaires pour pointer les dangers et expliquer notre position. Et nous continuerons lors de la préparation des décrets, tout au long du cheminement de ce dispositif."
Des antécédents de gestion de crise
Marylise Léon a également révélé quelques traits de sa personnalité qui pourraient la distinguer de son prédécesseur. "On m’a souvent dit que je faisais preuve d’un grand flegme, a-t-elle reconnu. C’est sans doute lié à mon expérience. J’ai beaucoup milité et travaillé dans des contextes de gestion de crise."
"J’ai donc été formatée pour aller toujours à l’essentiel et rester zen en toutes circonstances. Ce sera très utile dans mon mandat de secrétaire générale."
Concernant son expérience, elle a rappelé son ancienneté au sein de l'organisation: "Je suis profondément marquée par mes débuts à la CFDT, où je me suis engagée pour défendre la dignité et les conditions de travail. Et dans les secteurs où j’ai travaillé [l’industrie de la chimie], on parle de risques d’accidents graves, de mise en danger de la vie des travailleurs. Ma marque de fabrique, ce sera de toujours tenir compte des situations réelles et de ce que vivent les travailleurs."
"La CFDT hors les murs"
Alors que la séquence sociale autour de la réforme des retraites est terminée, Marylise Léon a confirmé que cela ne signait pas la fin de l'intersyndicale qui "n'est pas un objectif en soi" mais "un moyen". "Elle durera donc aussi longtemps que nous partagerons des objectifs communs, a-t-elle souligné. Depuis quelques semaines, nous sommes passés d’une intersyndicale de contestation à une intersyndicale de proposition. Par exemple, sur l’index égalité homme-femme, nous formulons des propositions communes. Nous le faisons sur la question du pouvoir d’achat, sur l’assurance chômage."
"L’intersyndicale n’est pas seulement là pour dire « on est contre » et pour organiser des manifs."
En revanche, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT entend bien s'appuyer sur cet épisode de forte mobilisation et sa moyenne de 250 manifestations locales pour ancrer un peu plus l'organisation syndicale auprès des salariés. "C’est en s’appuyant sur tous ces points de proximité que l’on pourra aller vers ces travailleurs qui pensent que le syndicalisme n’est pas fait pour eux, explique-t-elle. À la CFDT, on est convaincus que le syndicalisme doit être ouvert à tous, mais on est lucides sur le fait que ce n’est pas le cas." Deux initiatives vont ainsi voir le jour pour répondre à cette problématique: une campagne dirigée vers les saisonniers à partir du 1er juillet et l'opération "réponse à emporter" dès la rentrée pour "aller à la rencontre des salariés, agents des fonctions publiques et indépendants."
"L’heure n’est plus à attendre que l’on vienne nous voir dans nos permanences. C’est la CFDT hors les murs."