Smic à 1.600 euros, baisse de la TVA… Combien coûtent les promesses électorales des trois grands blocs?

Jusqu’à ce jeudi, la question du coût des promesses électorales faites par les trois principales forces en lice pour les législatives avait été avant tout abordée par les partis. Depuis ce jeudi on dispose de l’évaluation de l’Institut Montaigne qui se livre à cet exercice à l'occasion de chaque grande élection. Ce centre de réflexion économique d’inspiration libérale vient ainsi de chiffrer neuf propositions issues du programme des trois grands blocs.
Ainsi pour la liste Ensemble, il estime que la baisse des factures d’électricité de 15% en 2025, supposerait de se passer des recettes d’une taxe spécifique (accise) mise entre parenthèses pendant la crise énergétique. Le manque à gagner sur le plan fiscal atteindrait entre 2,1 et 2,6 milliards d’euros.
Suppression des "frais de notaire" pour la première acquisition d'un logement: 3,3 milliards
La possibilité offerte aux entreprises de verser jusqu’à 10.000 euros de primes sans impôt sur le revenu ni cotisations sociales se traduirait, elle, par une perte de recettes de 6,5 milliards d’euros. Mais les experts de l’Institut Montaigne reconnaissent que ce montant est à prendre avec des pincettes.
"Ce chiffrage est néanmoins entouré d’incertitudes quant aux comportements des employeurs, difficiles à anticiper", écrivent-ils.
Il est de fait très difficile de prévoir le nombre de bénéficiaires de ces primes et le montant des primes que les employeurs leur accorderaient.
Enfin la suppression des "frais de notaires" pour le premier achat d’un logement d’un prix maximal de 250.000 euros coûterait 3,3 milliards d’euros en pertes brutes de recettes fiscales. Pour parvenir à ce chiffre, le think tank table sur un demi-million de bénéficiaires.
Un blocage des prix à 24 milliards d'euros
Pour le programme du Nouveau Front populaire, l’institut Montaigne s’est penché sur les trois mesures suivantes: coups de pouce sur le Smic ainsi que sur les APL et blocage des prix des produits de première nécessité.
Sur la revalorisation du salaire minimum à 1.600 euros, l’institut Montaigne n’en évalue pas le coût pour les entreprises mais seulement pour les finances publiques. Avec un double effet, liées aux règles d’exonération de cotisations sur les bas salaires et au fait que les fonctionnaires payés au niveau du Smic en seraient évidemment eux aussi les bénéficiaires. Coût total estimé: 3,5 milliards d’euros.
Sur le blocage des prix des produits de première nécessité, la facture atteindrait un niveau bien plus élevé: 24 milliards d’euros. Pourquoi? Parce que souligne l’institut Montaigne, l’État devrait alors compenser financièrement le blocage des tarifs qu’il imposerait aux fournisseurs d’électricité, de gaz et de carburants. À l’image de ce qui a été fait avec les boucliers tarifaires pendant la crise énergétique.
La troisième mesure chiffrée concerne la hausse des APL, dont le coût est facile à estimer. Le montant de cette dépense sociale étant connu, 10% de plus, cela correspond à 1,5 milliard d’euros.
La baisse de TVA sur le gaz, l'électricité et les carburants coûterait un peu moins que ce que prévoit le RN
Enfin, parmi les mesures du programme du RN, l’institut Montaigne a d’abord chiffré le coût de celle qui s’appliquerait dès cet été: la baisse de la TVA sur les carburants, l’électricité, le gaz et le fioul. Il évalue les recettes auxquelles le fisc devrait renoncer à 11,3 milliards d’euros. Un montant légèrement inférieur à l’estimation du RN mais supérieur à celle qu’il avait réalisée au sujet de la même proposition lors de la dernière élection présidentielle.
La carotte fiscale qu’a imaginé le RN pour inciter les entreprises à augmenter de 10% leurs salariés aurait, elle un coût limité: 800 millions d’euros en 2025. L’institut Montaigne estime en effet que seule une entreprise sur dix se laisserait tenter.
Quant à la garantie du maintien du pouvoir d’achat des retraités, promesse de Marine Le Pen en 2022 non remise en cause par Jordan Bardella, son coût apparaît délicat à évaluer. Le coût d’une indexation stricte des pensions sur l’inflation dépend en effet de la façon dont les prix vont évoluer dans les années à venir.
Selon le niveau de l’inflation, cela pourrait aller d’un peu plus de 17 à près de 43 milliards d’euros sur les trois prochaines années. L’institut Montaigne retient donc ce qui ne signifie grand-chose: 27,4 milliards d’euros.
