Retraites, assurance chômage... Pour les syndicats, "le compte n'y est pas": les annonces de Sébastien Lecornu n'ont pas convaincu

"Le compte n'y est pas", ont estimé vendredi soir des syndicats, dont la CFDT, après le refus du Premier ministre de suspendre la réforme des retraites et l'absence, selon eux, de propositions sur la justice fiscale.
Le Premier ministre, dans un entretien au Parisien, se dit contre la suspension de la réforme des retraites d'Elisabeth Borne, écarte tout retour de l'impôt sur la fortune et ajoute qu'il ne "croit pas" que la taxe Zucman soit "la bonne réponse" pour redresser les finances publiques.
L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), qui lui avait posé un "ultimatum", réclamait, elle, l'abandon de plusieurs mesures: le "doublement des franchises médicales, l'année blanche (...), la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires et la réforme de l'assurance chômage", ainsi que le "recul de l'âge légal de départ" à 64 ans.
"Pour la CFDT, le compte n'y est pas", a assuré vendredi soir le secrétaire général adjoint du syndicat, Yvan Ricordeau, joint par l'AFP.
Concernant les retraites, "ce qu'on comprend, c'est que, pour l'instant, Sébastien Lecornu reprendrait la mesure femme" - une revalorisation des pensions pour les mères, ndlr - et qu'il y a "une petite ouverture sur la question de la pénibilité (mais) une fermeture sur la question de la suspension", a-t-il relevé.
"Quand il dit que la réforme a apporté des avancées, c'est faux", a jugé sévèrement le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot.
Sébastien Lecornu "ne répond sur rien" tacle pour sa part Denis Gravouil (secrétaire confédéral de la CGT).
"Il nous laisse entendre qu'il faudra que l'État réduise son train de vie. Il faudrait qu'on nous dise combien d'infirmières, combien d'enseignants, combien de postes on supprime, est-ce qu'on va continuer à saccager les budgets culturels", a insisté ce responsable de la CGT.
Il faudrait "un signal sur les salaires et les carrières" des fonctionnaires, a jugé Caroline Chevé (FSU).
"Il est dans la rupture et il ne rompt sur rien", a regretté François Hommeril (CFE-CGC).
Si Cyril Chabanier (CFTC) est "resté sur (sa) faim", il a toutefois relevé "un geste" de Sébastien Lecornu qui souhaiterait, selon le syndicaliste, "retranscrire dans la loi quelques avancées qu'on avait pu faire pendant le conclave" dont celle sur "la retraite des femmes avec enfants".
Sur la fiscalité, les premières annonces n'ont pas convaincu non plus l'intersyndicale.
La CFDT attendait "des propositions qui expliquent comment on taxe les plus riches, les hauts patrimoines et les successions" et "il n'y a pas la réponse", a regretté Yvan Ricordeau.
Il n'y a "aucune justice fiscale alors que 85% des Français réclament une taxe Zucman ou au moins l'équivalent", a déploré Denis Gravouil.
Concernant une réforme de l'assurance chômage, Sébastien Lecornu cible "les ruptures conventionnelles (qui) peuvent donner lieu à des abus" et dit souhaiter s'y "atteler en priorité avec les partenaires sociaux".
Un nouveau durcissement "des règles d'indemnisation qui prévoyait plus de 2 milliards d'euros d'économie à court terme, 4 milliards à long terme, serait abandonné", s'est par ailleurs réjoui Yvan Ricordeau.
Frédéric Souillot rappelle que "le bilan et l'évaluation des autres (réformes de l'assurance chômage, ndlr) n'a jamais été fait, et on sait qu'elles n'ont pas fonctionné".
Déçue après sa rencontre mercredi à Matignon, l'intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de grèves et manifestations le 2 octobre.