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Réforme des retraites : vers une suspension de six mois?

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Pour s’assurer d'une non-censure des socialistes, le gouvernement serait prêt à mettre sur pause l’emblématique réforme des retraites qui a tant cristallisé les oppositions. Avec des conséquences financières lourdes pour le pays.

Le PS en a fait la condition sine qua non de la non-censure du gouvernement mené par François Bayrou. Mettre sur pause la réforme des retraites. Invité de BFMTV, Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dit attendre le mot "suspension" de la part du Premier ministre François Bayrou.

Le gouvernement Bayrou rouvre le dossier

Et sa demande pourrait être exaucée. Le recul de l'âge de départ à 64 ans, ce fameux totem du gouvernement, longtemps présenté comme inamovible, parait bien sur la sellette. François Bayrou avait ouvert la porte à des compromis dès sa nomination, même si les possibilités de suspension ou de gel n'étaient pas à l'ordre du jour. "Nous partons de points de vue qui sont opposés", analyse Olivier Faure.

Mais désormais, comme le relate La Tribune dimanche, le scénario d’une mise sur pause tel que défendue par le chef de file des sénateurs PS Patrick Kanner, ne parait plus irréaliste. Ce recul du gouvernement sur le dossier serait la "concession remarquable" demandée par les socialistes pour ne pas voter la motion de censure portée par LFI.

Selon les informations de la Tribune Dimanche, le cœur des négociations se jouerait à Bercy, autour du nouveau ministre de l’ Économie, Eric Lombard. Proche de la gauche et membre du gouvernement Bayrou, il serait la cheville ouvrière de cette nouvelle donne.

Une mise sur pause de six mois qui coûterait 3 milliards

Une mise sur pause pour reprendre les discussions. Pendant le temps de la suspension, charge aux organisations syndicales et patronales de chercher des compromis. Priorité serait donnée à l’amélioration du texte, notamment sur les sujets de pénibilité, de petites retraites, de retraites des femmes. Yael Braun-Pivet a abondé dans le même sens, ce dimanche, en relevant qu’"arrêter la réforme pour rediscuter" pouvait être une option, dans la mesure où il restait "beaucoup de sujets à discuter encore".

Mais lors de ces négociations, les syndicats devraient surtout s'attacher à mettre sur la table la question de l'âge pivot. Pour autant, selon les informations de la Tribune, les discussions seraient à mener dans le strict respect de l’équilibre financier, ce qui risque de compliquer le jeu.

Dans l'attente d'un équilibre financier hautement hypothétique, la mise sur pause pendant six mois du texte entré en vigueur en septembre 2023 coûtera déjà au gouvernement trois milliards. Pour y remédier, le PS préconise d'aller piocher dans le fonds de réserve des retraites.

Une mesure qui contribuerait à aggraver le déficit du régime actuel des retraites. Les dernières projections du Conseil d'orientation des retraites "faisaient état d'un déficit de 0,4% de PIB en 2030, qui augmentait à plus long terme jusqu'à 0,8% de PIB", rappelait Gilbert Cette, président de l'instance. Abandonner le recul progressif de l'âge de départ à la retraite en diminuant le taux d'emploi réduirait aussi les cotisations perçues.

La décision de François Bayrou est attendue lors de son discours de politique générale, qui sera prononcé ce mardi. Il pourrait aussi choisir d'attendre les discussions sur le budget prévues à la fin du mois.

Marine Landau