Pourquoi la nouvelle prime Macron devrait davantage profiter aux salariés les moins bien payés

En 2020, près d’un salarié du privé sur trois a touché la prime Macron pour un montant moyen de 460 euros. Cette année, le montant moyen pourrait être plus élevé. Le ministère du Travail souhaite en effet que les partenaires sociaux puissent réviser -s’ils le souhaitent- le plafond salarial au-delà duquel un salarié ne peut en bénéficier.
Lors de l’instauration de cette prime, puis en 2020, ce plafond avait été fixé à l’équivalent de trois Smic soit 4664 euros bruts pour un plein temps. Les employeurs qui le souhaitaient pouvaient verser une prime à ces salariés mieux lotis que la grande majorité de leurs collègues, mais celle-ci devait être prise en compte dans la déclaration de revenus et se voyait également soumise au versement des cotisations habituelles sur le salaire.
En réduisant de moitié le plafond, on peut doubler le montant de la prime
L’objectif est que, cette année, la prime Macron puisse profiter davantage aux bas salaires. Imaginons qu’au vu de ses résultats financiers, le dirigeant d’une entreprise de 1000 salariés ait prévu de consacrer 500.000 euros au versement de cette prime exceptionnelle. Dans son entreprise, dix cadres gagnent plus de trois fois le smic. Si les règles sont maintenues en l’état, chaque salarié aura donc droit à 505 euros.
Mais si les partenaires sociaux décident, par exemple, de fixer le nouveau plafond à 1,5 Smic (2337 euros bruts, soit quasiment l’équivalent du salaire médian), la donne change du tout au tout. Supposons que la moitié des salariés de cette entreprise gagnent moins de 2337 euros brut par mois (en prenant en compte un éventuel 13ème mois), la prime qui leur sera versée passerait à 1000 euros, somme équivalent, pour chacun d’entre eux, à plus d’un demi-mois de salaire net.
Une mesure de justice sociale délicate à assumer puisqu'elle exclut des bénéficiaires
Confier aux partenaires sociaux le soin de fixer un nouveau plafond est pour le moins assez malin de la part du ministère du Travail. Difficile en effet d’établir cette limite sans frustrer ceux qui ne seraient plus bénéficiaires. Mais en même temps, il s’agit bien d’une mesure de justice sociale, puisque, globalement, les salariés les plus pénalisés en 2020 sont ceux qui ne pouvaient pas télétravailler et qui, pour une bonne partie d’entre eux, ont vu leur salaire amputé par des périodes de chômage partiel.
Seraient alors avantagés, les fameux salariés de la deuxième ligne que le ministère du Travail souhaite par ailleurs favoriser en autorisant les employeurs à porter la Prime Macron à une somme supérieure à 1000 euros et pouvant aller jusqu’à 2000 euros. A une condition : soit qu’ils signent un accord d’intéressement si ce n’est pas déjà le cas, soit que la branche professionnelle dont ils dépendent s’engagent à revaloriser la grille salariale au profit des moins bien rémunérés de leurs employés.
