Politique fiscale: "On reste un peu sur notre faim", affirme le patron de Medef

Le président du Medef Patrick Martin sur le plateau de BFM Business le 28 août 2023 à la REF - Clément Lesaffre
La REF 2023 organisée par le Medef à l'hippodrome de Longchamp à Paris a débuté ce lundi et les débats ont fait l'objet de plusieurs crispations. Ce lundi, le nouveau patron du Medef Patrick Martin était monté au créneau face à Elisabeth Borne lors de son discours d'ouverture reprochant à la Première ministre son annonce du report de la suppression de la CVAE à 2027. Des critiques réitérés ce matin sur le plateau de Good Morning Business.
"On reste un peu sur notre faim"
Pour répondre à ces critiques du patronat et apaiser les tensions, Elisabeth Borne avait pourtant déclaré lundi après-midi qu'il "n'y aura pas de hausse d'impôt". La Première ministre avait alors tenu à rappeler le bilan de sa majorité.
"Nous sommes la majorité qui a fait le plus pour libérer l'activité des entreprises depuis des décennies, les résultats sont là, le chômage est au plus bas depuis 40 ans [...] et depuis 2017 notre croissance cumulée est supérieure à celle de l'Allemagne, de l'Italie ou de l'Espagne, avait-elle précisé. En résumé, cette politique économique elle marche, ce n'est pas maintenant que nous allons changer de cap, il n'y aura de hausse d'impôt."
"On reste un peu sur notre faim", a rétorqué ce matin Patrick Martin sur le plateau de Good Morning Business.
"Quand une chose est dite et votée, on prend ça pour argent comptant", a-t-il poursuivi en faisant valoir que les entrepreneurs et industriels de l'Hexagone avaient déjà inclus cette décision dans leurs projets d'investissement.
La carte de la cagnotte jouée par le gouvernement
Elisabeth Borne a joué "la carte de la cagnotte" en prétextant que l'Unedic, l'institution chargée de la gestion de l'assurance chômage, va dégager des excédents: au total 11 à 12 milliards d'euros ces 3 prochaines années.
Selon Patrick Martin, ces excédents vont largement dépendre de la situation économique. Il explique d'une part que les cotisations sont liées à la création d'emploi et de masse salariale. D'autre part, "les 2 tiers des recettes de l'Unedic sont générés par les cotisations des entreprises", insiste-t-il. Et enfin, ce dernier pointe l'impératif de compétitivité qui dépend partiellement du montant des cotisations chômage payées par les entreprises. "La priorité, c'est le désendettement de l'Unedic", complète-t-il, qu'il estime autour des 60 milliards d'euros à ce jour.
Un autre point d'attention est soulevé par le nouveau du patron du Medef: le retard de la France face à ses compétiteurs mondiaux. "La France n'est pas une île", a-t-il martelé en vantant les investissements conséquents que réalisent d'autres nations.
"Il y a une accélération incroyable de l'investissement aux Etats-Unis, l'Allemagne suventionne des investissements étrangers sur son territoire et l'Inde veut devenir la troisième puissance économique mondiale", a précisé Patrick Martin.
Cet enjeu est d'autant primordial qu'il semblerait conditionner les efforts que peuvent entreprendre les dirigeants français en matière de transition environnementale. "Il est vrai que chez les chefs d'entreprises qui sont fortement engagés pour plus de décarbonation, il y a une forme d'attentisme", explique-t-il tout en rappelant la nécessité d'aider les entreprises face à la conjoncture et l'inflation ambiantes.
"L'idéologie ne doit pas l'emporter sur la raison"
Dans son discours inaugural de la REF ce lundi, Patrick Martin a rappelé l'importance de la transition énergétique qui selon lui ne doit pas faire l'objet de trop de normes contraignantes pour le monde économique.
"Nous vivons de manière caricaturale avec le zéro artificialisation nette, les zones à faible émission ou l'incessante remise en cause des normes de motorisations dont les acteurs de bon sens mesuraient dès l'origines les difficultés de mise en oeuvre dans les délais impartis. Agir ainsi c'est en réalité le meilleur moyen de ne pas aboutir, de ne pas réussir la nécessaire transition."
"L'idéologie ou les décisions de circonstance ne doivent pas l'emporter sur la raison, estime-t-il. La vérité c'est que nous ne sortirons par le haut que si nous arrivons à réunir les conditions économiques, financières et sociales nécessaires."