"Ouvrir la boîte de Pandore": les maires s'insurgent contre le projet d'autorisation des casinos en ligne

Le gouvernement a déposé samedi dernier un amendement au projet de budget 2025 prévoyant d'autoriser les casinos en ligne en France, seul pays de l'Union européenne avec Chypre où ils sont interdits, afin de renflouer les caisses de l'État via la taxation.
Une centaine de maires ont publié jeudi une tribune dans Le Figaro demandant au Premier ministre de ne pas autoriser les casinos en ligne par voie d'amendement "sans concertation", estimant que cette ouvertue entrainera la disparition d'un tiers des casinos français, et menace 15.000 emplois la première année.
Ils considèrent que l'ouverture mènera à une baisse de 25% de l'activité des casinos restants. "Un calcul dangereux pour les finances de l'État", continuent les signataires, parmi lesquels David Lisnard (maire de Cannes, président de l'AMF) ou Philippe Sueur (maire d'Enghien-les-Bains).
"En ouvrant la boîte de Pandore des casinos en ligne, vous pensez générer des recettes fiscales supplémentaires, mais c'est précisément l'inverse qui arrivera", déplorent les plus 130 édiles signataires.
La fédération CGT Commerce et Services a fustigé "une catastrophe sociale sans précédent pour des milliers de salariés et leurs familles" si l'amendement était adopté.
"En France, 196 communes abritent un casino, dont l'activité est encadrée par une législation centenaire qui parvient à concilier activité économique et soutien aux missions de service public communal", rappelle la tribune.
Les maires favorables à un cadre sécurisé
Les maires comme la fédération CGT soulignent que les opérateurs de casinos en ligne, souvent hébergés hors UE, échapperaient aux contraintes sociales et fiscales auxquelles sont soumis les casinos physiques. Un "privilège" qui leur conférera "un avantage écrasant", s'inquiète la CGT.
Ils estiment toutefois qu'il est "possible de créer un cadre sécurisé pour l'ouverture des casinos en ligne, qui pourrait profiter aux finances publiques et locales, notamment en s'appuyant sur l'expertise des opérateurs de casinos physiques".
"Il faut pour cela un travail partenarial et non céder à une décision précipitée des bureaux de Bercy, sans étude d'impact (...) et sans expérimentation préalable", préviennent-ils.
"Cette ouverture procède d'une mise en cohérence du cadre des jeux avec nos principaux voisins européens", indique le texte de l'amendement déposé samedi.
Selon une étude commandée fin 2023 par l'Autorité nationale des jeux, le produit brut des jeux généré par l'offre illégale des jeux d'argent en ligne en France se situerait entre 748 millions et 1,5 milliard d'euros, soit entre 5% et 11% du marché global des jeux d'argent", rappelle-t-il. Le gouvernement vise ainsi à "limiter l'impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne" et "contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître".
Environ un tiers des français a déjà joué sur des sites illégaux de casino en ligne
Une étude de l’institut CSA et de l'Association française des jeux en ligne montre qu’environ un tiers des Français (28%) a déjà joué sur des sites illégaux de casino en ligne.
D’après l’étude, plus de 69% des joueurs ne sont pas au courant que les sites de casinos en ligne sont illégaux. Cela s’explique notamment par la forte visibilité en ligne de publicités pour ces sites. 1 Français sur 2 (51%) aurait déjà été exposés à une publicité de ces opérateurs illégaux.
Toujours d’après cette étude, deux-tiers des français (62%) seraient favorable à un encadrement par la loi des jeux de casinos en ligne. Parmi les non-joueurs, 90% considèrent que la régulation de l’offre de casino en ligne ne les fera pas jouer à ces jeux.
Les raisons invoquées pour réguler l’activité des casinos en ligne sont les suivantes: 87% des Français estiment que cela permettrait de mieux protéger les joueurs pathologiques et les mineurs, de lutter contre le blanchiment d’argent (86%), et d’apporter des recettes supplémentaires au budget de l’Etat (75%).