Les quotas obligatoires, meilleur outil pour féminiser la direction des entreprises

Depuis une dizaine d’années les femmes se sont fait une –modeste- place dans les instances dirigeantes des entreprises françaises. Mais, la bataille pour la parité est encore loin d’être gagnée. C’est le constat que dressent les auteurs d’une étude sur le sujet, menée par le cabinet Roland Berger et Grandes Ecoles au féminin.
Aux commandes des grandes entreprises cotées au CAC 40, les femmes restent ainsi très minoritaires. Elles ne sont que trois sur quarante: Catherine MacGregor, Directrice générale d’Engie, Christel Heydemann, la patronne d’Orange et Estelle Brachlianoff qui pilote Veolia. On est, sur ce plan, très loin de la parité.
Conseils d'administration: plus très loin de la parité
Mais ce n’est pas vraiment mieux dans les autres pays. Les hommes qui, historiquement, dominent dans le monde des affaires ont clairement encore du mal à céder le gouvernail à une femme. De ce point de vue, la France peut même se targuer d’avoir désormais la plus forte proportion de femmes dans les conseils d’administration de ses entreprises. Plus de 46%, là on est quasiment à la parité. Devant même la Norvège et la Suède qui se situent entre 40 et 41%. Et on part de loin, puisque la proportion des femmes dans les conseils d’administration était trois fois inférieure en 2010.
L’explication? Très simple: la loi Copé-Zimmermann qui, en 2011, a institué un quota minimum de 40%. Mais ce quota ne s’applique qu’aux conseils d’administration, c'est-à-dire à l’instance qui définit la stratégie de l’entreprise, qui nomme son directeur général et peut, si besoin, le révoquer. Et donc, même féminisée, ces conseils d’administration continuent à privilégier les hommes pour le pilotage des entreprises.
Cadres dirigeantes: en 2026, un quota minimum de 30%
La part des femmes parmi les cadres dirigeants reste assez faible: 25%. Seule satisfaction, en 2010, elles n'étaient que 7,3%. Mais les grandes entreprises vont devoir mettre un sacré coup de collier pour être dans les clous de la loi Rixain, qui prévoit un quota de 30% de femmes dans les comités de direction en 2026, avant qu'il soit porté à 40% en 2029.
L’existence d’un plafond de verre est encore clairement ressentie comme une réalité par les femmes cadres. Trois sur cinq pointent un manque de soutien de la part de leurs collègues masculins, selon l'enquête rendue publique par Roland Berger. Alors que lorsqu’on interroge les hommes, le déni est total. 56% jugent qu’il n’y a, aujourd'hui, aucune limite à la progression des femmes. Et un sur cinq estime qu’elles évoluent même plus vite que les hommes.
