"Le vrai sujet, c'est la question des trappes à bas salaires": la nouvelle ministre du Travail expose ses priorités

Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance, ministre du Travail - Thomas COEX / AFP
Interrogée sur Franceinfo sur les priorités de son portefeuille, la nouvelle ministre du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet a écarté l'idée d'une revalorisation plus importante du Smic, jugeant que la priorité était de s'attaquer aux "trappes à bas salaires".
Au 1er novembre, le Smic va être augmenté de 2%, en ligne avec l'inflation attendue pour 2024. Mais cette augmentation est une anticipation, il ne devrait pas y avoir de hausse supplémentaire en janvier. Si la ministre exclut une revalorisation plus importante, telle que celle portée par le programme du Nouveau Front populaire, elle estime que la priorité est d'abord de s'attaquer à la question des bas salaires.
Ça ne nous interdit pas de commencer à regarder très sérieusement la question des bas salaires. (...) Au fil des années, on a constitué des trappes à bas salaires pour favoriser le coût du travail. Ça coûte à un employeur 500 euros quand il veut augmenter quelqu'un au Smic de 100 euros"
Traiter la question des allègements de charge
Le vrai sujet selon la ministre est de s'attaquer à la "smicardisation", c'est-à-dire aux travailleurs "scotchés" au revenu minimal sur la durée, en ligne avec les orientations du discours de politique générale de Michel Barnier et de celles de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal.
"Le Smic doit être un salaire d'entrée et certainement pas un salaire à vie", relève la ministre.
Pour y remédier, il faut traiter la question des allègements de charge qui incite les employeurs à préférer les salaires minimum. La ministre attend pour ce faire la remise du rapport des économistes Bozio-Wasmer remis ce jeudi. Le rapport étudie les exonérations fiscales qui contribueraient à des effets de seuil, c'est-à-dire le tassement des salaires en dessous de certains niveaux. La politique du ministère irait-elle jusqu'à un big-bang des allègements de charge financés par l'État?
"C'est ce qu'on va regarder sans aucun tabou. À la fois les trappes à bas salaires et puis un lissage pour éviter ces effets de seuil qui font qu'à 1,6 Smic vous n'avez tout simplement pas intérêt en tant que salarié sur votre salaire net et en tant qu'employeur à une augmentation ", répond la ministre.
La dynamisation des grilles de classification salariale est aussi dans le viseur de la ministre, qui déplore une absence de progressivité et annonce vouloir avancer fermement sur leur "retoilettage" . "Une quinzaine de branches ont des minima conventionnels en dessous du Smic", affirme la ministre.
"Moi je crois au dialogue social"
Enfin, Astrid Panosyan-Bouvet qui a regretté des rapports avec les partenaires sociaux distendus veut privilégier une autre approche, en ligne avec les orientations du Premier ministre. "Moi je crois que le dialogue social, l'écoute, la cohésion sociale, c'est un facteur de compétitivité des entreprises et un facteur d'engagement, de reconnaissance et d'écoute des salariés. Moi, je crois au dialogue social", assure la nouvelle ministre.
La reprise du dialogue social est d'ailleurs prévue dès demain, avec des réunions avec les organisations patronales et syndicales. Au menu: bas salaires, mais aussi révision à la marge de la réforme des retraites et reprise des discussions sur l'Assurance-chômage.