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Economie et Social

Le taux de chômage dans le monde s'améliore, pas les conditions de travail

Le chômage au plus bas dans le monde depuis la crise

Le chômage au plus bas dans le monde depuis la crise - Philippe HUGUEN / AFP

Dans son dernier rapport, l'Organisation internationale du travail assure que le taux de chômage a retrouvé son niveau d'avant la crise de 2008 l'an passé. Néanmoins, les conditions de travail peinent à s'améliorer et les inégalités entre les hommes et les femmes face à l'emploi persistent.

Bonne nouvelle sur le front de l'emploi. Le taux de chômage dans le monde a légèrement fléchi l'an dernier, retrouvant son niveau d'avant la crise financière de 2008 à 5%, a indiqué ce mercredi l'Organisation internationale du travail (OIT)

Ainsi, 172 millions de chômeurs ont été comptabilisés en 2018, selon l'organisation dépendante de l'ONU qui prédit un taux de chômage de 4,9% en 2019 et 2020 si l'économie mondiale réussit à éviter une "récession majeure". 

"Toutefois les prévisions du taux de chômage sont très incertaines, en raison des risques économiques, financiers et géopolitiques" prévient l'OIT, qui relève "déjà des signes de détérioration des perspectives économiques mondiales, comme en témoigne la révision à la baisse du FMI des estimations de croissance".

Selon la directrice générale adjointe de l'OIT, Deborah Greenfield, la tendance à la baisse du taux de chômage mondial devrait en effet "s'arrêter". Car même en l'absence de récession, l'accroissement de la population dans le monde entraînera inévitablement une progression du nombre de chômeurs (173,6 millions en 2019 et 174,3 millions en 2020), le marché du travail ne parvenant pas absorber l'ensemble des nouveaux arrivants.

Une baisse visible dans la plupart des régions du monde

Dans la région Asie-Pacifique, la mieux classée, le taux de chômage devrait demeurer à 3,6% environ jusqu'en 2020. En Amérique du Nord, il devrait atteindre son niveau le plus bas cette année, à 4,1%. Dans les pays du Nord, du Sud et de l'Ouest de l'Europe, le chômage, à son plus bas depuis dix ans, à 7,6% l'an dernier, devrait continuer de reculer jusqu'en 2020 (7,1%). En Europe de l'Est, la baisse du volume de la main d'oeuvre devrait faire reculer le taux de chômage.

En Afrique, 4,5% de la population est au chômage, un chiffre qui, selon l'OIT, n'est pas dû au bon fonctionnement du marché du travail, mais qui s'explique par le fait que "pour une grande partie de la population africaine, le chômage n'est pas une option".

Les États arabes, où les travailleurs migrants représentent 41% de la main d'oeuvre, enregistreront quant à eux un taux de chômage régional stable à 7,3% jusqu'en 2020. En revanche, Les jeunes sont touchés de "manière disproportionnée", avec un taux de chômage quatre fois plus élevé que les adultes. Dans ces pays, le taux de chômage des femmes est par ailleurs trois fois plus élevé que celui des hommes.

"Avoir un emploi ne garantit pas toujours un mode de vie décent"

Si le constat sur l'emploi dans le monde est plutôt positif en termes de quantité, il s'avère beaucoup plus sévère pour ce qui est de la qualité. L'OIT indique notamment que l'"objectif 8" qui ne vise pas seulement le plein emploi, mais aussi des emplois décents "semble impossible à atteindre dans de nombreux pays".

Le rapport met notamment en évidence la persistance de l'emploi informel (non déclaré), avec 2 milliards de travailleurs classés dans cette catégorie.

"Avoir un emploi ne garantit pas toujours un mode de vie décent. La preuve: 700 millions de personnes vivent dans une situation d'extrême pauvreté ou de pauvreté modérée, bien qu'elles aient un emploi", a relevé le directeur du département de la recherche de l'OIT, Damian Grimshaw, dans le communiqué.

Des inégalités hommes-femmes persistantes 

Le rapport souligne également la persistance de l'écart entre le taux d'activité des hommes et celui des femmes, en particulier dans les pays Arabes, en Afrique du Nord et en Asie du Sud. "Le taux d’activité des femmes n’est que de 48 pour cent, contre 75 pour cent pour celui des hommes", note l'OIT. 

Et d'ajouter: "Après une période d'amélioration rapide qui a duré juqu'en 2003, les progrès pour réduire les inégalités de participation entre les hommes et les femmes se sont ralentis".

Paul Louis avec AFP