Le Secours populaire alerte sur une pauvreté et une précarité grandissantes

Si l'inflation est enfin repassée sous l'objectif des 2%, elle aura laissé des traces au sein de la population française. C'est ce qui ressort du 18ème baromètre de la pauvreté et de la précarité, réalisé par Ipsos auprès de 1.000 Français pour le Secours populaire. Deux sondés sur cinq admettent ainsi avoir traversé "une période de grande fragilité financière", une proportion jamais observée depuis plus de dix ans.
La pauvreté touche "particulièrement les zones rurales mais pas que, il y a un mitage sur tout le territoire national, en ville, dans les banlieues, il n'y a pas de catégorie qui y échappe", alerte Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire, sur franceinfo.
Plus de 60% déclarent même avoir connu la pauvreté ou avoir été proche de ce stade, un pourcentage en hausse de quatre points par rapport à l'année dernière. Mais cette moyenne nationale cache d'importantes disparités d'une catégorie de la population à une autre puisque le ratio frôle les 70% chez les personnes vivant dans les communes rurales et atteint même les 80% parmi les ouvriers.
Un "seuil de pauvreté subjectif" au niveau du Smic net
Un chiffre témoigne du terrain gagné par la pauvreté au cours des dernières années marquées par une forte inflation: 1.396 euros. Ce montant correspond au "seuil de pauvreté subjectif" dont une personne seule doit disposer pour ne pas être considérée comme pauvre, selon les Français. En hausse pour la troisième année consécutive (+19 euros par rapport à 2023), ce seuil n'est plus que deux euros sous le Smic net.
"Mais ce n'est pas que ces personnes se sentent pauvres, c'est qu'elles le sont", martèle Henriette Steinberg.
Ce seuil de pauvreté subjectif, qui est à son plus haut niveau, doit être mis en parallèle avec la proportion de Français qui ne parviennent pas à mettre de l'argent de côté: 52%, un chiffre quasi-stable par rapport à 2023 (-1 point). De même, 16% des Français interrogés indiquent être à découvert chaque mois mais ce ratio, en léger recul de deux points sur un an, double presque au sein de la catégorie des ouvriers (31%).
Les difficultés à boucler les fins de mois concernent plusieurs postes de dépenses comme les factures d'énergie que 47% des Français peinent à payer et qui en poussent 43% à ne pas chauffer leur logement lorsqu'il fait froid, "parfois ou régulièrement". Premier poste de dépenses mensuelles, le logement, qu'il s'agisse du loyer ou des mensualités d'un prêt immobilier, met en difficultés 38% des Français interrogés contre un tiers l'année dernière.
Dans le domaine de la santé, la mutuelle est difficile d'accès pour près de 30% des répondants. Comme souvent, ces difficultés accumulées peuvent conduire les Français à faire des arbitrages sur le poste alimentaire: 32% d'entre eux se disent contraints "parfois ou régulièrement" de renoncer aux trois repas par jour et quasiment un parent sur trois se prive pour pouvoir nourrir ses enfants.