Laurent Berger: "On ne va pas faire des manifestations à répétition"

Pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, la bataille des retraites" ne cessera jamais." Pour autant, il préfère "obtenir des avancées concrètes" pour les salariés plutôt que de "poursuivre un but difficile à atteindre," a-t-il expliqué dans une interview au JDD.
"On ne va pas faire des manifestations à répétition"
Cela fait plus de quatre mois déjà que les syndicats sont au front contre la réforme des retraites, et sa promulgation le mois dernier ne les a pas arrêtés bien que le mouvement social ait perdu de sa vigueur et l'abrogation du texte semble désormais peu probable.
Ainsi, une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 6 juin prochain deux jours avant le vote à l'Assemblée de la proposition de loi de Liot qui portera sur l'abrogation de la réforme. La bataille s'arrêtera-t-elle si les députés ne votent pas en faveur de l'annulation du texte?
"On verra après le 8. C'est certain qu'on ne va pas faire des manifestations à répétition", explique Laurent Berger, qui quittera ses fonctions à la tête de la CFDT le 21 juin.
"Notre sujet aujourd'hui, au sein de l'intersyndicale, est de se demander si on envoie dans le mur cette force populaire en lui faisant poursuivre un but difficile à atteindre ? Ou est-ce qu'on la transforme en énergie pour mettre nos interlocuteurs sous pression et obtenir des avancées concrètes ? Je préfère la deuxième option", poursuit-il.
La bataille bascule vers le travail
Le dialogue difficile entre le gouvernement et les syndicats a été renoué en début de semaine lorsque les centrales ont rencontré la Première ministre Elisabeth Borne en bilatérale à Matignon.
À la suite de son entretien avec Élisabeth Borne, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a déclaré avoir "assisté à deux heures de monologue patronal." Pour elle, une rencontre multilatérale État-syndicats-patronat, comme le souhaite Élisabeth Borne est inutile s'il n'y a "pas d'annonces concrètes sur la question du retrait de la réforme des retraites ou de la hausse des salaires." Laurent Berger est, de son côté, ouvert à la poursuite du dialogue.
"Nous participerons à la suite", dit-t-il dans le JDD. "Certains collègues de l'intersyndicale peuvent être en désaccord là-dessus. Mais nous voulons nous servir de la force du mouvement social pour obtenir des avancées pour les travailleurs et cela nécessite d'aller discuter", affirme-t-il.
Si le gouvernement est ouvert à la discussion, il souhaite désormais plancher sur la question du travail avec les partenaires sociaux, et ainsi fermer l'épisode des retraites.
L'intersyndicale arrivera-t-elle à rester unie alors que le front bascule vers une autre bataille? Au sujet d'une plateforme de mesures communes qui doit être mise en ligne à la fin du mois à la suite d'une réunion intersyndicale, Laurent Berger tempère de possibles divergences: "Nous verrons si une réponse émerge le soir même. Si on peut porter des revendications communes, c'est très bien. Sinon, cela reste la pluralité du mouvement syndical", explique-t-il.