La moitié des représentants du personnel déclarent penser à arrêter leur activité

Les représentants du personnel sont fiers de leur mandat. À 94%, soit une quasi-unanimité.
À 90%, ces salariés élus ou désignés qui représentent les collaborateurs et qui siègent dans une instance représentative (CSE ou organisation syndicale) se sentent utiles. L'exercice de leur mandat leur permet de mieux comprendre le fonctionnement de l'entreprise, de rencontrer de nouveaux collègues, de monter en compétences... Voilà pour le côté pile de la médaille, selon l'enquête du groupe Alpha & Secafi menée auprès de 3.850 représentants du personnel et diffusée cette semaine.
50% des représentants du personnel déclarent penser à arrêter
Car côté face, la moitié d'entre eux déclarent penser ou souhaiter arrêter leur mandat de représentation. La faute à une activité trop prenante, qui empiète sur leur temps professionnel, mais aussi personnel. La moitié des représentants du personnel interrogés disent manquer de temps et ont du mal à concilier activité professionnelle et mandat. 64% d'entre eux assurent d'ailleurs utiliser leur temps personnel pour exercer leur rôle de représentation, de manière régulière ou systématique. C'est particulièrement vrai dans les entreprises de moins de 1.000 salariés, où le temps alloué semble encore moins encadré.
La moitié des représentants du personnel interrogés estiment ne pas être assez nombreux, alors que les "ordonnances Macron" de 2017, en fusionnant les instances représentatives du personnel (IRP), ont rationalisé les systèmes de représentation du personnel.
Côté moyens alloués, quasiment trois représentants sur quatre déclarent avoir reçu une formation, un chiffre un peu plus élevé pour ceux qui sont adhérents à une organisation syndicale. Selon Antoine Rémond, Responsable Etudes & Prospective, il y a un apport indéniable de l’organisation syndicale en matière de formation. "Les élus adhérents à une organisation syndicale ont bénéficié plus souvent d’une formation que les non adhérents et ont plus souvent été accompagnés par un élu plus ancien au début de leur mandat. Ces mêmes élus déclarent se sentir plus compétents et avoir une vision plus claire de leurs prérogatives que les non-adhérents", complète-t-il.
D'un point de vue matériel, la situation n'est pas très brillante, un tiers dit manquer de moyens à disposition (locaux, matériel informatique, panneaux d'affichage, etc.).
Un sentiment d'isolement plus marqué dans les petites entreprises
L'étude entend lever le voile sur les risques pyscho-sociaux auxquels sont exposés ces représentants des salariés. La moitié d'entre eux déclarent se sentir isolés dans l'exercice de leurs mandats, là aussi un sentiment plus prégnant dans les petites entreprises (moins de 300 salariés). L'isolement est dû en partie "au télétravail et à un nombre important de réunions en visioconférence". Selon Antoine Rémond, il faut aussi y lire un rôle des ordonnances de 2017 "en raison de l’augmentation de la charge de travail induite par la fusion des instances et leur centralisation accrue. Ce qui a conduit à une plus grande variété et une plus grande technicité des sujets à appréhender pour un nombre d’élus en baisse."
Environ un représentant du personnel sur deux considère qu'exercer leur mandat nuit à leur progression professionnelle. Enfin, seuls 20% ont l'impression que leurs propositions sont souvent prises en compte par leur direction, les plus petits établissements affichant de moins bonnes relations entre représentants et direction. Une forme de corrélation entre la taille des établissements et le bien-être des représentants du personnel, qui pourrait contrevenir à la qualité du dialogue social.