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La BCE abaisse son principal taux directeur de 2,75% à 2,5%

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La Banque centrale européenne a abaissé jeudi son principal taux d'intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, une décision de nature à soutenir l'économie dans un contexte de faible croissance en zone euro.

Malgré les nombreuses sources d'incertitude, la BCE poursuit sa politique monétaire de baisse des taux. Jeudi après-midi, la Banque centrale européenne a décidé d'appliquer un cinquième assouplissement d'affilée, en ramenant le taux de dépôt de 2,75% à 2,50% après une nouvelle baisse de 0,25 point. En abaissant progressivement le loyer de l'argent, la BCE cherche à soutenir le crédit et ainsi la reprise économique.

Cette sixième baisse depuis juin abaisse le taux de dépôt à 2,50%, un niveau auquel la politique monétaire "devient sensiblement moins restrictive", souligne la BCE, renforçant les attentes d'une pause à venir dans les baisses de taux.

Les plans d'investissement géants annoncés par l'Allemagne rebattent les cartes pour l'économie européenne et ajoutent aux incertitudes de l'institution de Francfort. La décision radicale du futur gouvernement allemand d'augmenter la dette publique pour les dépenses d'armement a déjà causé une poussée de fièvre des taux d'emprunt de l'Alllemagne, inédite depuis la Réunification.

Ce resserrement des conditions financières intervient alors que l'activité de la zone euro reste faible et que s'ajoute l'imposition imminente de droits de douane réciproques par les États-Unis qui menace d'amener de la récession en Europe.

Encore ou stop?

Le contexte oblige la BCE à jongler entre des objectifs parfois difficiles à concilier: maîtriser l'inflation tout en soutenant la croissance dans une zone euro fragilisée par des crises successives. Le soudain resserrement des taux d'emprunt allemands devrait "inciter la BCE à laisser entendre que des baisses ultérieures (de taux) pourraient encore suivre" après celle de jeudi, estime Eric Dor, directeur des études économiques à l'Ieseg School of Management.

Avant de se réunir jeudi, les membres de la BCE sont apparus divisés sur la suite du cycle monétaire. Isabel Schnabel, membre du directoire, a suggéré qu'il était peut-être temps de discuter d'une pause dès mars, car les taux se rapprochent déjà d'un niveau qui ne pénalise ni ne favorise l'économie, ne laissant guère de marge pour les assouplir encore. D'autres membres du conseil des gouverneurs de la BCE estiment qu'il est trop tôt pour ouvrir ce débat, vue la récente quasi-stagnation du PIB de la zone euro au dernier trimestre de 2024, notamment du fait d'un coût élevé de l'emprunt.

D'un autre côté, les dépenses colossales prévues par l'Allemagne, en s'affranchissant du dogme de la rigueur, pourraient doper la croissance européenne et l'inflation, faisant que "les attentes de baisse des taux de la BCE (pourraient) être reconsidérées" selon Kathleen Brooks, directrice de recherche de la plateforme de trading XTB. In fine, le débat sur une réduction ou non des taux courts face à la montée actuelle des taux longs sur le marché obligataire est le signe qu'"on a changé d'époque" après les annonces d'investissements massifs, selon Eric Dor.

Suspension des baisses de taux de la Fed

L'évolution du conflit en Ukraine, pays qui ne peut plus compter en grande partie sur l'aide américaine face à l'agresseur russe, pourrait également influencer la trajectoire économique et donc les décisions de la BCE. Ces risques ne seront pas encore pleinement intégrés dans les dernières projections économiques publiées jeudi par l'institution. Cela vaut aussi pour le plan de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de prévoir 800 milliards d'euros pour la défense, examiné jeudi à Bruxelles.

Signe que l'inquiétude est réelle, la BCE a par ailleurs relevé sa prévision d'inflation pour 2025, à 2,3% contre 2,1% auparavant. Elle prévoit également une croissance plus faible du PIB en zone euro, 0,9% en 2025 contre 1,1% jusqu'ici, puis 1,2% en 2026 et 1,3% en 2027.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a déjà suspendu ses baisses de taux, en raison de l'inflation persistante aux Etats-Unis, ce qui a fortement déplu à Donald Trump.

TT avec AFP