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"L’année blanche sera une année noire pour les travailleurs": Sophie Binet ne veut pas "financer des Rafale en fermant des hôpitaux"

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La secrétaire générale de la CGT s'oppose fermement à l'idée d'une "année blanche", comme l'envisage le gouvernement pour son prochain budget. Cette option consisterait à reconduire à l'identique les dépenses, ou certaines d'entre elles, par rapport à l'année 2025, sans tenir compte de l'inflation.

"L’année blanche, c'est en réalité une année noire pour les travailleuses et les travailleurs, pour les services publics", a lancé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet sur France 2 ce mardi 15 juillet. Elle fait ainsi référence à la piste du gouvernement d'une "année blanche", qui consiste à geler toutes ou au moins une partie des dépenses de l'État pour l'année 2026.

Le Premier ministre doit présenter ses propositions pour le Budget de l'année prochaine ce mardi à 16 heures. Et celle d'une "année blanche" consisterait à reconduire à l'identique les dépenses (certaines d'entre elles comme les retraites, les prestations sociales ou les budgets des ministères) par rapport à l'année 2025, sans tenir compte de l'inflation.

"Toutes et tous, nous perdrions en pouvoir d'achat. Cela appauvrit tout le monde", estime Sophie Binet.

Elle a aussi critiqué la place accordée au financement de la défense, avec l'annonce d'Emmanuel Macron d'un effort supplémentaire de 3,5 milliards d'euros en 2026 et de 3 milliards en 2027.

"Ces milliards pour la défense se feraient au détriment des services publics et des Françaises et des Français", a regretté la numéro 1 de la CGT.

Cela revient selon elle à "financer des Rafale en fermant des hôpitaux" alors que "les Françaises et les Français n'ont pas de Rafale supplémentaires, ils ont besoin de canadairs".

"Comme si on faisait exprès d'être au chômage"

Parmi les autres pistes du gouvernement pour trouver 40 milliards d'euros en 2026, l'idée d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, négociée par les partenaires sociaux, ne semble pas la convaincre davantage.

"Il faut que le gouvernement arrête d'instrumentaliser les organisations syndicales, on a très mal vécu la séquence du conclave", a-t-elle réagi.

"Là, on nous demande de négocier sur l'assurance-chômage alors qu'un accord a été signé il y a 6 mois et que le gouvernement ne l'a même pas transposé dans la loi", poursuit-elle, soulignant que "depuis qu'Emmanuel Macron est président de la République, il y a eu au moins quatre réformes de l'assurance-chomage".

L'idée de travailler plus ne trouve pas non plus grâce aux yeux de la CGT. "Je suis scandalisée", a réagi Sophie Binet. "Ça fait un an que la CGT alerte sur les licenciements et les fermetures d'entreprises. Non seulement le gouvernement refuse de lever le petit doigt pour l'empêcher mais il nous explique qu'il faudrait travailler plus comme si on faisait exprès d'être au chômage", a-t-elle dénoncé.

De même, elle a fustigé l'option de supprimer un jour férié. "Cela revient à travailler plus pour gagner moins, c'est-à-dire à travailler gratuitement", estime-t-elle.

Taxer les dividendes et conditionner les aides aux entreprises

Mais alors comment faire pour résorber le déficit public, qui a atteint 5,8% du PIB en 2024? La CGT appelle à "aller chercher l'argent là où il est, à savoir dans la poche des actionnaires, des rentiers et des plus riches qui n'ont jamais été aussi riches".

"Aujourd'hui, dans les grandes entreprises, on donne plus d'argent pour les actionnaires que pour les investissements d'avenir."

"Un rapport sorti il y a quelques jours montre que les inégalités n'ont jamais été aussi importantes. Aujourd'hui, il y a des millions de Françaises et de Français qui ne peuvent pas emmener leurs enfants en vacances et on parle de leur imposer de nouveaux sacrifices", a fustigé Sophie Binet.

Enfin, la secrétaire générale de la CGT a appelé à plus de transparence sur les aides versées aux entreprises. "Les 211 milliards d'euros d'aides publiques, c'est l'éléphant dans la pièce, on n'a jamais donné autant d'argent à nos entreprises, on n'est pas capables de les évaluer, elles ne sont pas conditionnées et elles bénéficient d'abord aux grandes entreprises qui versent des dividendes", a égrainé Sophie Binet, qui appelle à les réserver aux entreprises vertueuses.

Marine Cardot