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Inflation: les ménages âgés, ruraux et modestes subissent davantage la hausse des prix

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Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee observe que les écarts d'inflation entre les ménages sont accentués par la forte hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie.

Les Français ne sont pas tous logés à la même enseigne face à la hausse des prix. S'il ne s'agit pas d'une surprise, c'est l'un des principaux enseignements chiffrés par l'Institut national de la statistique et des études économiques dans sa dernière note de conjoncture publiée ce jour. En ce début d'année, les écarts d'inflation entre les ménages sont ainsi accentués par la forte hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie.

En juin dernier, l'Insee avait déjà mis en évidence ces disparités d'inflation entre ménages qui pouvaient atteindre 1,5 point en avril contre une moyenne de seulement 0,2 point entre 2015 et 2021. En janvier 2023, ces écarts entre les ménages les plus jeunes et les plus âgés ou entre les ruraux et les urbains dépassent les 2 points, portés par les postes énergétiques mais aussi alimentaires désormais.

Les 40% de ménages au niveau de vie le moins élevé sont plus touchés

Sur le premier mois de l'année, l'inflation a été supérieure de 1,2 point pour les ménages dont la personne de référence a plus de 75 ans quand elle était inférieure de 1,3 point pour les ménages dont la personne de référence a plus de 30 ans. "Le fait d’être locataire (ce qui est plus souvent le cas des ménages jeunes) est actuellement de nature à réduire l’inflation d’ensemble, car le poids du loyer dans le budget réduit alors mécaniquement la part des autres postes, dont l’alimentation et l’énergie notamment qui présentent de fortes hausses de prix", analyse l'Insee.

De même, la hausse des prix était inférieure de près d'un point pour les ménages habitant l'agglomération parisienne et supérieure d'environ 0,8 point pour ceux vivant en milieu rural. Enfin, le niveau de vie joue également puisque les 40% des ménages au niveau de vie le moins élevé supportent une inflation plus élevée que les plus aisés.

Les ménages les plus âgés sont victimes de la flambée du gaz et du fioul

Le poids des dépenses d'énergie du logement augmente avec l'âge. Celles-ci ne pèsent que 3% sur l'ensemble des dépenses des ménages de moins de 30 ans quand cette part double pour ceux âgés de 60 à 74 ans et atteint même 9% pour les plus de 75 ans. "Cela s’explique probablement en partie par des logements dont les surfaces sont plus importantes, en moyenne, pour les ménages plus âgés et ce même à taille de ménages équivalente", explique l'Insee.

À ces disparités s'ajoutent les différences relatives au type d'énergie. Les ménages les plus âgés utilisent davantage du gaz et d'autres combustibles comme le fioul dont les prix ont explosé sur l'année passée quand les ménages les plus jeunes privilégient l'électricité dont la hausse tarifaire a été moindre. Le poste dédié au carburant participe à réduire légèrement l'écart générationnel puisque les moins de 30 ans y consacrent une part de leur budget légèrement supérieure à celle des plus de 75 ans, d'environ 2% contre 3%.

Ces différences s'observent aussi entre les ménages des petites villes et ceux des grandes agglomérations. Les dépenses d'énergies du logement ne représentent que 3% du budget des ménages de l'agglomération parisienne contre 7% de celui des ménages en zone rurale qui, eux aussi, privilégient le fioul et autres combustibles par rapport à l'électricité. De même, les ménages des petites villes et zone rurale accordent une part plus importante aux dépenses de carburants que ceux qui vivent dans les grandes villes ou dans l'agglomération parisienne (entre 2 et 3% du budget contre 4 à 5%) où "le véhicule est probablement moins fréquemment mobilisé".

L'alimentation des plus âgés et plus modestes comporte des produits inflationnistes

En cette période de flambée dans les rayons des enseignes de la grande distribution, les écarts générationnels d'inflation tiennent aussi logiquement au poste alimentaire. Là aussi, la part de l'alimentation varie d'un budget à l'autre: elle est de 11% pour les moins de 30 ans et presque deux fois plus importante chez les plus de 60 ans (21%). "Pour les plus jeunes, en revanche, le poids des services de restauration, moins touchés par l’inflation, est plus important", souligne l'Insee. Pour ne rien arranger, les ménages les plus âgés achètent davantage de produits protéinés d'origine animale comme les viandes, les poissons, les oeufs et les produits létiers qui ont enregistré une hausse plus prononcée de leurs prix que la moyenne sur l'année écoulée.

La logique est plus ou moins la même entre les ménages les plus modestes et les plus aisés. L'alimentation ne représente que 14% du budget des 20% des ménages les plus aisés contre près de 19% pour les 40% des ménages les plus modestes. Le panier alimentaire de ces derniers comporte davantage d'huiles et autres produits gras "dont les prix sont parmi les plus dynamiques (+20% environ sur un an en janvier 2023)".

Timothée Talbi