BFM Business
Economie et Social

Gabriel Attal s’en prend au Medef: “il y a une forme d’incohérence dans leurs propos”

placeholder video
Le ton monte entre Bercy et le Medef. Après la passe d’arme entre Bruno Le Maire et Geoffroy Roux de Bézieux, c’est désormais le ministre des Comptes publics, invité de BFM Business qui s’en mêle. Objet de la discorde: le budget 2023.

Le ministre des Comptes publics prend fait et cause pour son ministre de tutelle Bruno Le Maire, dans la passe d’arme qui l’oppose son ministre de tutelle au patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux.

“Il y a une forme d’incohérence, objectivement, dans les propos du Medef. On ne peut pas d’un côté dire y a trop de déficit et en même temps appeler matin-midi-et soir à accroître les aides et les baisses d’impôts”, a déclaré Gabriel Attal sur BFM Business.

D’un côté, le Medef, qui considère que l’Etat vit au-dessus de ses moyens. De l’autre, Bercy qui accueille très mal et reproche le manque de soutien sur la réforme des retraites.

“On ne peut pas dire qu'on veut des réformes structurelles et quand on présente la réforme des retraites…dire qu’elle n’est pas prioritaire. Il est important qu’il y ait un peu de cohérence”, lance le ministre des Comptes publics, invité de Good Morning Business.

“La France continue de vivre au-dessus de ses moyens"

Tout commence lundi, lorsque l’organisation patronale reproche au gouvernement son manque d'ambition dans la réduction de la dépense publique. Dans un communiqué très critique publié par le Medef. “La France continue de vivre au-dessus de ses moyens", peut-on notamment y lire. "Les dépenses courantes, hors crise, vont augmenter de plus de 62 milliards d’euros en 2023... et malgré ces dépenses en hausse, aucune problématique structurelle de la France n'est réglée”.

Une critique du projet de loi de finances 2023 qui passe mal. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a répondu de façon tout aussi cinglante.

“C'est un peu fort de café. Le Medef trouve qu'on alourdit la dette et les déficits publics. Je leur fais une proposition. Il y a qu'à renoncer à baisser les impôts de production. ça coûte 8 milliards d'euros, on fera une économie", a-t-il affirmé sur France Inter.

La menace de Bruno Le Maire

Une menace à peine voilée Car dans son projet de budget, le gouvernement prévoit en effet de supprimer d'ici 2024 la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises CVAE une demande qui émane directement du patronat.

"Qu'ils viennent identifier avec nous les crédits d'impôts que nous pourrions réduire et qu'ils fassent preuve d'un tout petit peu de cohérence", a poursuivi le ministre, sur un ton inhabituellement sec envers le patronat.

Le locataire de Bercy évoque une autre piste d'économies: les crédits d'impôts dont bénéficient les entreprises... et là aussi il menace: "si le Medef veut réduire la dette, qu'il aille identifier avec nous les crédits d'impôts que nous pourrions réduire", dit Bruno Le Maire.

Le gouvernement en profite pour dénoncer le manque de soutien du Medef sur la réforme des retraites à venir. D’où la référence ce matin de Gabriel Attal sur BFM Business, qui reproche au patron des patrons sa déclaration sur la réforme “non prioritaire”.

Sofiane Aklouf