"Uber Files": pour l'économiste Nicolas Bouzou, son rapport respecte la déontologie

Depuis dimanche, l'affaire des "Uber Files" épingle plusieurs responsables politiques, dont Emmanuel Macron, et économistes pour avoir œuvré pour l'implantation d'Uber en France. Parmi eux, Nicolas Bouzou, économiste libéral et fondateur en 2006 du cabinet de conseil Astarès, qui produit des études pour les acteurs publics et les entreprises.
Selon Le Monde, l'économiste aurait touché au moins 10.000 hors taxes pour rédiger une étude, au nom de son cabinet Astarès, évaluant "la contribution économique de l'entreprise en France". Le tout, assorti "d'un service après-vente auprès de la presse et des parlementaires".
Dans un tweet publié lundi en fin de matinée, Nicolas Bouzou a réagi aux accusations du Monde, auxquelles il a déjà répondu dans ce même journal. Il avait par exemple reconnu des limites à l'utilisation de données fournies par l'entreprise.
"Uber avait signé la charte éthique"
Dans son message publié sur Twitter, il rappelle que les travaux de son cabinet sont effectivement "financés par le secteur privé", et qu'aucune subvention publique n'est perçue.
"En termes de déontologie, notre politique est d'une grande exigence", assure-t-il. "L'étude réalisée pour Uber [...] ne déroge pas à ces règles. Le nom de l'entreprise figure en financeur en page 2. Uber avait signé la charte éthique de l'entreprise qui figure dans nos contrats et garantit notre totale indépendance".
"Le cabinet a la réputation d'être inflexible, ce qui nous vaut des refus de collaboration et des pertes de chiffre d'affaires que nous assumons parfaitement", ajoute Nicolas Bouzou.
En tant que défenseur de "la concurrence" et de "la liberté d'entreprendre", l'économiste affirme aussi s'être, à titre personnel, "réjoui de l'entrée des VTC sur le marché français des transports urbains". Au Monde, il assure même qu'il aurait "tenu le même discours libéral proconcurrence si Astarès n'avait pas travaillé pour Uber".
"C'est très grave", critiquent les oppositions
L'enquête publiée dimanche soir dans la presse repose sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian et transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, Le Monde et Radio France se sont intéressés aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l'époque où il était ministre de l'Economie (2014-2016).
Ils affirment qu'un "deal" secret aurait été passé entre l'ancien locataire de Bercy et Uber, s'appuyant sur différents témoignages et documents, dont de nombreux échanges de SMS.
Depuis ces révélations, les oppositions politiques et les syndicalistes multiplient les critiques. Lundi, le député LFI Alexis Corbière a même dit envisager la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le sujet. "C'est très grave, l'idée que Monsieur Macron a, dans ce pacte secret avec une entreprise, dérégulé la réglementation en matière de taxi", a accusé sur Public Sénat le député de Seine-Saint-Denis.
"Il n'y a pas de deal, il n'y a pas de contrepartie, il y a un ministre qui a reçu de grands chefs d'entreprise et c'est normal", a rétorqué de son côté sur Cnews la patronne des députés de la majorité, Aurore Bergé. Emmanuel Macron ne s'est pas encore exprimé sur le sujet.