Présidentielle: pourquoi la campagne va coûter moins cher aux Français que celle de 2017

Une campagne présidentielle, ce sont des millions d'euros de budget pour les candidats. Location du QG, déplacements, meetings, impression de tracts..., la facture monte vite et chaque prétendant parie sur le fait de passer la barre 5% des suffrages pour obtenir le remboursement de ces frais par l'Etat dans la limite de 8 millions d’euros…
Mais dans ce premier tour atypique, seulement 4 candidats sur 12 ont franchi ce seuil: Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, contre 5 en 2017.
Pour les 8 autres, c'est la douche froide. Une bonne nouvelle pour les caisses de l'Etat et donc pour le contribuable, mais un vrai danger pour les partis derrière ces candidats, notamment les deux grands partis historiques que sont LR et le PS.
Ils devront trouver des moyens pour rembourser les emprunts bancaires qui ont été souscrits ou renflouer des caisses vides afin de survivre et de se relancer pour les prochaines élections législatives.
Comment ça marche?
Les candidats ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés sans toutefois se qualifier au second tour peuvent demander un remboursement de leurs frais à hauteur de 47,5% du plafond des dépenses au premier tour, soit 8 millions d'euros.
Les candidats sous cette barre ne peuvent prétendre qu'à un remboursement à hauteur de 4,75% du plafond des dépenses du premier tour, soit seulement 800.423 euros et pas un centime de plus. Une paille au vu des frais engagés par les grands partis.
Quant aux deux candidats finalistes (Marine Le Pen et Emmanuel Macron), le taux de remboursement de leurs frais de campagne s'élève à 47,5% du plafond des dépenses du second tour, soit 10,7 millions d'euros.
Valérie Pécresse (LR)
Selon les informations recueillies par le service politique de BFMTV, la campagne de la candidate des Républicains aura coûté à ce stade entre 14,5 et 15 millions d’euros, soit quasiment le plafond autorisé par la loi: 16,8 millions d'euros. Bien loin des 800.000 euros que la candidate va obtenir...
Ce lundi Valérie Pecresse indique que le parti ne sera "pas remboursé" de 7 millions d'euros auxquels il faut ajouter un emprunt personnel de 5 millions d'euros et 2 millions prêtés par le parti. Avec un résultat historiquement bas (4,7%), les Républicains jouent leur survie financière.
Première mesure pour éviter le naufrage: l'appel aux dons. Valérie Pécresse a ainsi lancé lundi un appel à "une aide, d'urgence", des Français pour "boucler le financement" de sa campagne, faisant état d'une "situation critique" de LR.
"Je lance ce matin un appel national aux dons, à tous ceux qui m'ont apporté leurs suffrages mais aussi à tous ceux qui ont préféré hier le vote utile, et enfin à tous les Français attachés au pluralisme politique et à la liberté d'expression", a-t-elle ajouté, précisant que les dons pouvaient être réalisés en ligne sur le site valeriepecresse.fr.
Yannick Jadot (EELV)
Le parti Europe Ecologie les Verts a obtenu un prêt bancaire de 8,5 millions d’euros. Au final, les Verts en auront dépensé un peu plus de 6 millions, dont une partie dans le loyer à 68.000 euros par mois du QG du candidat écologiste situé dans le 9e arrondissement de Paris. C'est la campagne la plus chère de l'histoire du parti.
Face à ce mur, comme Valérie Pécresse, Yannick Jadot a immédiatement appelé ses sympathisants aux dons. "L'écologie a besoin dès ce soir de votre soutien financier pour finir ses combats.", a-t-il lancé ce dimanche soir.
Selon Julien Bayou, un des porte-parole du parti, ce sont 2 millions d'euros qu'il va falloir trouver rapidement. "Dans l’immédiat, on a une échéance majeure à la fin du mois de mai et nous devons trouver deux millions d’euros dans les 5 semaines qui viennent".
Anne Hidalgo (PS)
Avec la perspective de plus en plus palpable de ne pas passer les 5% durant la campagne, le Parti socialiste a appuyé sur le frein des dépenses. Pour autant, le montant de ces dépenses n'est pas connu.
Sur Franceinfo ce lundi, le premier secrétaire Olivier Faure assure que le parti n’est "pas du tout" au bord de la faillite. "Nous n’avons pas eu recours à un emprunt, nous n’avons pas de dettes à rembourser. Il n’y a pas de faillites comme beaucoup l’auraient souhaité", indique-t-il.
Il faut dire qu'aucune banque n'a accepté de faire un prêt à la candidate. Le parti a donc pioché dans ses réserves. Mais quelle sera sa marge de manoeuvre pour les prochaines élections législatives, cruciales pour sa survie?
Nathalie Arthaud (LO), Philippe Poutou (NPA), Jean Lassalle
Il est difficile d'obtenir les budgets de campagne de ces trois petits candidats (qui n'ont pas été rendus publics). Mais leurs dépenses sont contraintes dès le départ, étant donné la quasi-impossibilité de passer la barre des 5% et des moyens assez faibles.
L'enveloppe maximum de 800.000 euros de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques devrait donc suffire à rembourser leurs frais.