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Les propositions de l'OCDE pour que les Français partent à la retraite plus tard

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- - Joel Saget - AFP

Les dépenses de retraites sont élevées en France et le niveau des pensions risque de diminuer à terme faute d'une durée de cotisation suffisamment longue. L'OCDE recommande au gouvernement d'instaurer des pénalités et des primes, voire de relever l'âge légal de départ à la retraite pour inciter les Français à travailler et donc cotiser plus longtemps.

Le débat sur l'âge de départ à la retraite ne semble pas tranché entre les membres du gouvernement et les recommandations de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) risquent de remettre de l'huile sur le feu. Cet organisme international basé à Paris qui conseille les États sur les meilleures politiques économiques et sociales à mener, recommande à l'exécutif de prendre "de nouvelles mesures pour relever l’âge effectif de départ du marché du travail".

Dans son Étude économique de la France 2019 publiée ce mardi, l'Organisation constate que "les dépenses de retraite sont un poste important", puisqu'elles représentent 14% du PIB, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne derrière la Grèce et l'Italie. Avec la législation actuelle, cette dépense est maîtrisée et devrait rester stable jusqu'en 2040, avant de baisser sensiblement pour se rapprocher de la moyenne du continent en 2070.

Mais cela se fait au prix de pensions de retraites plus faibles. Pourquoi? Le chômage et la précarité du marché du travail, associés à un âge de départ plus jeune qu'ailleurs, réduisent la durée moyenne de cotisation qui serait de 33 ans et demi en 2070, soit un an de moins qu'aujourd'hui et surtout la durée la plus courte dans l'Union européenne. Or, si en cotisant moins longtemps, mécaniquement la pension de retraite est plus faible. De plus, la valorisation du salaire pour le calcul du montant de la pension est "faible", selon l'OCDE, qui signale des "risques de pauvreté accrue". 

Des primes et des pénalités

"Le projet de mise en place d'un système unique de retraite à points va dans la bonne direction", souligne l'Organisation, qui salue aussi l'idée de fusion des 42 régimes pour favoriser l'équité et la lisibilité du système. Cela faisait d'ailleurs partie de ses précédentes recommandations à la France. Mais il va falloir prévoir plusieurs ajustements.

Pour baisser plus rapidement les dépenses de retraite et assurer un niveau de pension convenable, la France ne pourra pas faire l'économie d'un recul progressif de l'âge effectif de départ à la retraite, selon l'OCDE.

Pour y parvenir, l'Organisation fait une série de propositions visant à revoir les pénalités et les primes pour inciter les Français à prendre leur retraite plus tardivement. Il s'agirait de réviser le système de surcote. C'est d'ailleurs ce que prévoit le haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avec l'instauration d'une surcote pour ceux qui partent en retraite à 63 ans ou plus. Ou, comme solution alternative, de supprimer les cotisations pour les personnes qui ont atteint l'âge légal de départ, mais qui continuent à travailler. 

L'OCDE va même jusqu'à proposer de relever l'âge légal de départ à la retraite, aujourd'hui fixé à 62 ans, en l'indexant sur l'espérance de vie. Elle suggère aussi de revoir le système des pensions de réversion de sorte à inciter les bénéficiaires à travailler plus longtemps.

Selon ses calculs de l'Organisation, les réformes globales engagées par le gouvernement augmenteront de 3,2% le PIB par habitant d'ici dix ans, et même atteindre 5,1% s'il met en place rapidement les recommandations de l'OCDE. Sur ces 1,9 point, un quart provient du relèvement progressif de l'âge de départ effectif à la retraite à 64 ans d'ici 2025. Pour mémoire, il est de 60,5 ans en 2016.

Jean-Christophe Catalon