Législatives: les candidats auront-ils l'argent nécessaire pour faire campagne?

Le président de la Commission nationale des comptes de campagne, Jean-Philippe Vachia s'inquiète. Il redoute que les banques n'arrivent pas à gérer toutes les demandes des candidats aux élections législatives anticipées en si peu de temps. Il faut dire que le compte à rebours a débuté, les candidats (4 à 5.000 au total) vont devoir ouvrir des comptes, voire obtenir des crédits en un temps record.
"Je suis très soucieux et préoccupé que les banques soient réactives pour ouvrir au plus vite les comptes bancaires des mandataires de chaque candidat. Nous savons qu’à chaque élection, il y a des problèmes, des difficultés mais sur six mois, cela finit par se régler", s'inquiète-t-il.
"Là, nous sommes sur trois semaines et donc vraiment, je suis préoccupé que les banques jouent le jeu vis-à-vis des mandataires."
Et de poursuivre: "la seconde chose, c’est qu’un certain nombre de candidats se retourneront vers leurs banques pour emprunter et là aussi, il faudrait que les délais soient rendus compatibles avec le calendrier".
30 à 40.000 euros nécessaires
Une campagne législative peut nécessiter 30 à 40.000 euros et comme pour n'importe quel emprunteur, les banques vont regarder de près la capacité du candidat à rembourser. Tout le monde a encore en tête l'exemple de Valérie Pécresse, qui n'avait pas obtenu le remboursement de sa campagne lors de la présidentielle.
Conséquence, les banques risquent de ne pas se bousculer au portillon. D'autant que "les financements de campagne ce n’est vraiment pas le terrain de jeu favori des banques", nous confie l'une d'entre elles.
"Le problème ce n’est pas l’ouverture des comptes. 4 à 5. 000 candidats, c’est l’équivalent d’une agence bancaire. C’est évidemment tout à fait gérable pour les banques."
Le financement, en revanche c’est un autre sujet. "Obtenir un crédit en 3 semaines, c’est une autre paire de manche", souffle cette même banque. "Pour un député très bien implanté dans sa région, d’accord, mais imaginez le candidat que personne ne connaît et qui sort de nulle part. Comme pour n’importe quel autre client, la banque va regarder sa solvabilité, sa capacité à rembourser…"
Pour les petits candidats, leur parti peut se porter caution. Mais encore faut-il qu'il soit lui-même solvable. Or, après une campagne intense pour les européennes, les trésoreries sont déjà bien entamées.
D'autres acteurs du secteur bancaire se montrent plus rassurants. "C’est gérable. Tous les candidats ont forcément leur propre banque vers laquelle ils vont pouvoir se tourner", assure une banque nationale.
"On a bien réussi à mettre en place les PGE en un temps record pendant la crise Covid, on est capable d’aller vite. Ce n'est pas un problème majeur."
Interrogée, la Fédération bancaire française assure à BFM Business que le financement des campagnes pour les législatives "est un sujet bien identifié". "Chacun fera au mieux dans le respect des exigences qui sont fortes. D’où l’utilité que les candidats connaissent bien ces règles", souligne la Fédération.