Le Royaume-Uni veut supprimer le plafond du paiement "sans contact": la France pourrait-elle l'imiter?

Le paiement sans contact (illustration) - GIE CB
Les consommateurs britanniques pourront-ils bientôt utiliser le paiement "sans contact" de manière illimitée? C'est en tout cas le souhait de la Financial Conduct Authority, le régulateur du secteur financier outre-Manche, qui préconise la suppression du plafond limitant à 100 livres le paiement "sans contact" afin de soutenir la croissance économique.
En France, ce même plafond a été relevé à plusieurs reprises pour passer de 20 à 30 euros en 2017, puis de 30 à 50 euros en 2020. Depuis, son niveau n'a pas bougé. Et il est peu probable qu'il évolue prochainement. Notamment parce que c'est "la règlementation européenne PSD2 qui fixe le plafond de 50 euros", rappelle Loÿs Moulin, directeur Projets et Marketing au sein du Groupement Cartes Bancaires CB.
Cette directive autorise plus précisément les États membres à déterminer leur propre plafond de paiement "sans contact" à condition qu'il ne dépasse pas cette limite maximale de 50 euros. Dit autrement: la France ne peut pas aller au-delà du seuil actuellement en vigueur sans changement de la règlementation européenne.
"À court terme, on va rester à 50 euros", confirme Loÿs Moulin. D'autant qu'"il n'y a pas vraiment de besoin d'augmenter davantage le plafond depuis qu'il y a le 'sans contact Plus'", ajoute-t-il. Déployée l'an dernier, cette nouvelle fonctionnalité disponible chez environ 40% des commerçants à ce stade permet de payer des achats de plus de 50 euros sans avoir à insérer sa carte.
Il reste néanmoins nécessaire de taper son code pour valider l'opération. Une mesure de sécurité "importante" pour limiter le risque de fraude, explique Loÿs Moulin. C'est d'ailleurs parce qu'il intègre un système d'authentification que le paiement par mobile n'est, lui, bridé par aucun montant maximal contrairement au paiement sans contact par carte bancaire.
Un mode de paiement massivement adopté
Lancé en 2007, le paiement "sans contact" est progressivement entré dans les habitudes des Français. Encore infime il y a dix ans, le poids de ce mode de règlement dans les paiements par carte n'a fait que grossir pour atteindre 62% des transactions (sans contact avec carte ou mobile) en 2024 (31% en valeur) et 80% des opérations comprises entre 0 et 50 euros. Signe que son usage s'est largement répandu, 92% des cartes bancaires CB disposent aujourd'hui de la fonctionnalité "sans contact" et 91% des commerçants sont équipés d'un terminal qui accepte le "sans contact".
La popularité du paiement "sans contact" tient en grande partie aux relèvements successifs du plafond décidés ces dernières années, lesquels ont mécaniquement fait augmenter le paiement moyen: "Jusqu’en 2020 le montant moyen payé avec le 'sans contact' était compris entre 10 et 11 euros. En 2020, grâce au relèvement du plafond à 50 euros, il est passé à 15 euros, et en 2024 c’était 17 euros en moyenne", détaille Loÿs Moulin.
Le paiement "sans contact" avec une carte "physique" semble néanmoins se faire progressivement voler la vedette par le paiement mobile. L'utilisation de ce mode de règlement, qui a longtemps enregistré une croissance à trois chiffres, a encore augmenté de 60% au premier semestre 2024 pour représenter plus de 10% des paiements par carte, tandis que le "sans contact" avec carte "physique" est resté stable, après des années de croissance modérée.
"Aujourd’hui, la croissance globale du 'sans contact' est avant tout nourrie par le paiement mobile mais le 'sans contact' avec carte a sans aucun doute de nouveaux relais de croissance, grâce au 'sans contact Plus' et aux nouveaux usages", affirme Loÿs Moulin. Il évoque en particulier le secteur des transports et ces villes de plus en plus nombreuses qui mettent en place un système de paiement "sans contact" à bord de leurs bus, tramways et métro ("open paiement") permettant d'utiliser sa carte bancaire comme titre de transport.
Un taux de fraude extrêmement faible
Outre la limite de 50 euros, les règles européennes restreignent aussi l'utilisation du "sans contact" en plafonnant à 150 euros les dépenses cumulées et à 5 les opérations successives réalisées sans taper son code. Les banques peuvent appliquer des conditions plus strictes si elles le souhaitent, mais pas plus souples.
Ce sont ces règles qui "permettent d'avoir un taux de fraude inférieur à 0,01%" pour le "sans contact", assure Loÿs Moulin, pour qui les plafonds actuels offrent "un compromis satisfaisant à la fois pour la gestion du risque et pour la fluidité du passage en caisse".