La Joconde victime d'un acte de vandalisme: comment est assurée l'œuvre de Léonard de Vinci?

La Joconde, considérée comme l'oeuvre la plus célèbre du monde, a été entartée ce dimanche au musée du Louvre par un homme. Un acte de vandalisme sans incidence puisque le portrait Mona Lisa, peint par Léonard de Vinci au début du XVIème siècle, est protégé par une vitre en verre blindé. L'auteur, appréhendé tout de suite après les faits, a évoqué un geste en soutien à la cause environnementale.
Ce n'est pas la première fois que La Joconde est victime d'une attaque. Elle a été volée en 1911, fut la cible de jets de projectiles 45 ans plus tard, ce qui entraîna une dégradation d'une partie du tableau, avant d'être attaquée par un jet de peinture rouge en 1974, puis par une tasse en 2009.
Tous ces actes de vandalisme soulèvent une question essentielle: comment est assuré le célèbre tableau peint par Léonard de Vinci? Si l'œuvre venait à être endommagée, qui réglerait la facture?
L'Etat est son propre assureur
Cela peut paraître surprenant, mais à proprement parler, La Joconde n'est pas assurée. Le tableau est la propriété de l'Etat français depuis que Léonard de Vinci l'a offert à François Ier, en 1518.
Or, "pour toute œuvre lui appartenant, l'État en est l'assureur", expliquait en 2008 au Figaro Thierry Gausseron, alors administrateur général du musée d'Orsay, et désormais administrateur général du Château de Versailles.
Un principe qui vaut tant que la toile reste accrochée à son clou. Ce n'est pas le cas lorsqu'elle est déplacée de son musée. En ce qui concerne la Mona Lisa de Léonard de Vinci, elle est au Louvre depuis 1797, et n'a que rarement été prêtée. Son dernier voyage remonte à 1974. A l'époque, le chef d'œuvre de la Renaissance est envoyé à Tokyo.
Il y a quelques années, la ministre de la Culture Françoise Nyssen évoque l'idée de prêter à nouveau La Joconde. Elle rêve de la présenter au Louvre Lens, dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais le musée du Louvre fait ses calculs. Il estime qu'un tel voyage coûterait environ 30 millions d'euros. A l'époque, on estime qu'il faudrait débourser au minimum 2 millions d'euros pour l'assurance.
Une œuvre à la valeur inestimable
Une estimation au doigt mouillé qui est en réalité impossible à établir. Pour assurer une œuvre d'art, on compte généralement une prime correspondant à 0,5% environ de la valeur du patrimoine à assurer, sans compter les coûts d'expertise. Chez Axa Art, l'un des principaux assureurs en matière d'art, la prime annuelle est ainsi de 500 euros par an pour 200.000 euros de capitaux assurés, soit 0,25%.
Or, La Joconde, comme d'autres tableaux à l'image de L'Origine du monde de Gustave Courbet, ont des valeurs inestimables. Fixer une prime d'assurance relève donc de l'impossible.
Par ailleurs, la collection nationale compte des milliers d'œuvres. Assurer même une partie d'entre elles coûterait bien trop cher à l'Etat. "Il n'y a pas les crédits pour contracter des assurances pour tout cela", confirme auprès du Figaro Anne Distel, ancienne cheffe du département des collections à la Direction des musées de France (DMF).
Selon elle, "les musées nationaux ont toujours considéré qu'il était plus intéressant d'investir en personnel de surveillance et en amélioration de la sécurité". Car de toute façon, si une œuvre venait à être trop gravement endommagée, ou pire, volée, aucun dédommagement ne permettrait de pallier la disparition de ces ouvrages uniques.