La Banque de France écarte le risque de récession cet hiver

Après l'Insee mardi, la Banque de France confirme la bonne résilience de l'économie française malgré des crises qui se succèdent. Dans sa dernière enquête de conjoncture publiée ce mercredi, l'institution se félicite de voir que selon les 8500 chefs d'entreprise interrogés, "l'activité a de nouveau progressé dans chacun des trois grands secteurs (industrie, construction, services, ndlr) au mois de janvier" et même "de façon plus prononcée qu'ils ne l'avaient anticipé le mois dernier".
Les experts de la Banque de France estiment la croissance du PIB à 0,2% en janvier, dont +0,1% dans l'agriculture et l'industrie, +0,1% dans la construction et +0,3% dans les services marchands. Ils s'attendent également à une "croissance faible du PIB" en février avec toutefois des contrastes entre une croissance "faiblement négative dans la construction et en légère progression dans l'industrie et les services".
Au final, sauf nouveau choc imprévu, "on peut écarter le risque de récession cet hiver", a déclaré Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France.
Les difficultés d'approvisionnement continuent de se résorber
Du côté des difficultés d'approvisionnement qui ont perturbé la production ces derniers mois, l'amélioration de la situation observée depuis avril 2022 se poursuit. Dans le bâtiment, 31% des chefs d'entreprise rencontraient encore de telles difficultés en janvier, contre 33% en décembre.
Le repli est encore plus prononcé dans l'industrie (33% en janvier, après 40% en décembre). Mais cette baisse est à relativiser en raison de nouvelles difficultés liées à la demande. En effet, "l'érosion des carnets de commande dans l'industrie en janvier touche quasiment tous les secteurs et est particulièrement marquée dans la chimie. Par rapport au point haut de mars 2022, la situation s’est sensiblement dégradée dans le bois, papier, imprimerie, la chimie et les produits en caoutchouc, plastique, qui pâtissent d’une baisse de la demande ou de la concurrence étrangère" avec en particulier le redressement de la production chinoise depuis la levée des restrictions sanitaires, souligne la Banque de France.
Les tensions sur les prix semblent aussi se résorber très progressivement. En janvier, 33% des dirigeants ont dit avoir augmenté leurs tarifs dans l'industrie, soit 11 points de moins qu'il y a un an à la même période. Dans le bâtiment, cette proportion passe de 49 à 43% en un an. Elle est en revanche en hausse dans le tertiaire (32% en janvier, contre 22% un an plus tôt) "en lien avec la diffusion de l'inflation des biens vers les services", observe la Banque de France, précisant que "les perspectives pour février suggèrent un retour de cette proportion à des niveaux plus contenues, dans l'industrie (24%), le bâtiment (36%) et les services marchands (20%)".
Enfin, les difficultés de recrutement, elles, restent importantes (51% des entreprises concernées en janvier) bien qu'en recul pour le quatrième mois consécutif (58% en septembre).
Quel impact de la crise énergétique?
En janvier, la proportion d'entreprises déclarant que la crise énergétique a eu un impact significatif sur leur activité a progressé aussi bien dans l'industrie (29% des entreprises, +2 points), les services (24%, +3 points) et le bâtiment (28%, +2 points). Pour autant, la proportion de dirigeants jugeant que les prix de l'énergie pénaliseront sensiblement leur activité dans les trois prochains mois est en légère baisse: 39% dans l'industrie (-1 point), 28% dans les services (-1 point) et 33% dans le bâtiment (-4 points).
Ils sont aussi un peu moins nombreux à anticiper une dégradation de leurs marges à cause de la crise énergétique dans les trois prochains mois dans l'industrie (69% en janvier, -1 point) et le bâtiment (61%, -4 points) mais pas dans les services (44%, +1 point).