Chômage, dette... La France ne devrait toujours pas faire partie des bons élèves de l'UE en 2019

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. - Aris Oikonomou - AFP
"L'économie européenne tient bon", résume Pierre Moscovici. Le commissaire européen pour les Affaires économiques a dévoilé ce mardi ses prévisions de printemps. Bruxelles s'attend à un ralentissement légèrement plus fort que prévu cette année. Après 2,1% en 2018, la croissance de l'Union européenne (UE) est attendue à 1,4% en 2019, contre 1,5% dans lors des précédentes estimations. Toutefois, cette performance est relativement solide compte tenu de la "conjoncture mondiale moins favorable et des incertitudes persistantes", estime Pierre Moscovici.
Pour la zone euro, la prévision de croissance est plus faible à 1,2%. Il faut dire que le champion du continent, l'Allemagne, a été plus touché que prévu par le ralentissement du commerce international. Trois mois plus tôt, la Commission anticipait une croissance de 1,1% du PIB de la République fédérale en 2019. Désormais elle n'espère plus que 0,5%. Quant à l'Italie, qui est sortie d'une récession technique ce trimestre, elle devrait réaliser 0,1% de croissance sur l'année, soit le score le plus faible du continent. La prévision pour la France reste stable à 1,3%.
Bruxelles s'attend à ce que l'UE tienne bon en 2019 grâce aux consommateurs. L'amélioration continue sur le front de l'emploi, la hausse des salaires, l'inflation modérée et les politiques de relance budgétaire mises en place dans certains pays permettront au Vieux continent de traverser les turbulences cette année, en attendant un climat un peu plus calme en 2020. La Commission anticipe une légère amélioration de la situation économique dans certains pays émergents l'année prochaine, ce qui devrait donner un coup de pouce aux exportations européenne et donc à la croissance prévue à 1,7% (hors Royaume-Uni) et 1,5% pour la zone euro - avec un net rebond en Allemagne à 1,5% et en Italie à 0,8%. La France serait là encore dans la moyenne à 1,5%.
En 2020, le chômage dans la zone euro sera plus bas qu'avant la crise
Une croissance au ralenti signifie des créations d'emplois au ralenti, mais à un niveau encore suffisant pour faire baisser le chômage. "Le taux de chômage de l'UE s'est établi à 6,4 % en mars 2019, son plus bas niveau" depuis janvier 2000, date à laquelle la Commission européenne a commencé à publier des chiffres mensuels du chômage. Sans compter le Royaume-Uni, les chiffres sont un peu plus élevés: 6,9% prévu pour 2019 et 6,6% pour l'année suivante. La République tchèque affiche le taux de chômage le plus bas avec 2,2% et la Grèce le plus haut avec 18,2% en 2019.
Quant à la zone euro, le chômage passerait de 7,7% cette année à 7,3% en 2020, "soit en deçà du niveau qu'il atteignait en 2007 avant le début de la crise", souligne la Commission. En France, il devrait tomber à 8,5% l'année prochaine, soit le plus haut niveau derrière la Grèce (16,8%), l'Italie (12,2%) et l'Espagne (11%).
Le désendettement se poursuit
Cette croissance plus lente n'empêcherait pas non plus les États de poursuivre leur désendettement. Dans l'Union européenne, la dette devrait passer de 80,2% du PIB cette année et 78,8% l'année suivante. Dans la zone euro, qui comprend des pays les plus endettés comme la Grèce et l'Italie, le ratio devrait là-aussi continuer à se réduire, passant de 85,8% à 84,3% sur les deux années qui viennent. La France ferait beaucoup moins bien, avec une dette qui devrait atteindre les 99% du PIB cette année avant de commencer une très progressive décrue en descendant à 98,9% en 2020. Seuls la Belgique, la Grèce, l'Italie et le Portugal sont plus endettés au sein de l'Union européenne.
Par ailleurs, les déficits publics dans l'UE devraient en revanche légèrement augmenter en moyenne du fait du ralentissement de la croissance et de politiques de relance ponctuelle menées dans certains pays. Dans l'UE, il passerait de 0,6% du PIB en 2018 à 1% les deux années suivantes, quand dans la zone euro, il passerait de 0,5% du PIB à 0,9% sur les mêmes périodes. À noter que l'Espagne, dernier pays à être sous procédure pour déficit excessif devrait en sortir cette année. Madrid devait déjà en sortir l'année passée mais son déficit de 2017 avait dépassé de peu la barre des 3%. En 2018 le tir a été corrigé avec un déficit de 2,5%, qui devrait continuer à se réduire les années suivantes pour atteindre 2% en 2020. Ainsi, l'Espagne ferait mieux que la France dont le déficit est attendu à 2,2% la même année, soit le niveau le plus élevé de la zone euro derrière l'Italie (-2,8%). Dans l'UE, le plus mauvais élève en 2020 devrait être la Roumanie (- 4,7%).
L'ensemble de ces prévisions dépendent évidemment des événements imprévus qui pourraient se produire dans les prochains mois. "Les risques restent élevés", a commenté le vice-président de la Commission Vladis Vombrovskis.
"Sur le plan extérieur, ils ont trait à une aggravation des conflits commerciaux ainsi qu'à la faiblesse des marchés émergents, en particulier la Chine. En Europe, nous devrions rester attentifs à l'éventualité d'un 'Brexit sans accord', aux incertitudes politiques et à un possible retour du cercle vicieux entre emprunteurs souverains et banques."