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Avec la Loi Mobilités, le gouvernement veut répondre à la colère des gilets jaunes

Le ministère des Transports, dirigé par Élisabeth Borne, s'apprête à dévoiler ce lundi les contours de sa Loi mobilités. Le texte semble calibré pour répondre aux revendications des gilets jaunes, notamment avec l'abandon des péages urbains.

Une loi en partie modifiée pour tenter de calmer la colère. Parmi les 15 mesures phares de la loi mobilités que la ministre des transports Élisabeth Borne détaillera lundi figurent bon nombre de réponses aux revendications exprimées ces dernières semaines par les gilets jaunes . Certaines semblent même taillées sur mesure pour eux.

"Aujourd’hui, la politique des transports n’est plus adaptée aux réalités du pays, aux besoins et aux attentes des citoyens", lit-on dans la première partie du document de présentation de cette loi. 

Puis, un peu plus loin, l’exécutif reconnaît, comme le soulignent les manifestants réclamant le retour des petites lignes SNCF, que "les investissements ont été trop concentrés sur les grands projets, notamment de TGV, au détriment des besoins du quotidien".

Les entreprises associées aux prises de décisions

Ainsi, "des millions de nos concitoyens n’ont pas d’autre solution pour se déplacer que l’utilisation individuelle de leur voiture". "Cette dépendance n’est pas un choix, elle pèse sur le pouvoir d’achat et crée un sentiment d’injustice par rapport à ceux qui bénéficient de plus de solutions", concluent les rédacteurs du texte. C’est sur ce diagnostic, issu de la concertation au sein des Assises nationales de la mobilité fin-2017, que se basent les 15 mesures que s’apprête à proposer le ministre des Transports.

Parmi les décisions qui semblent cousues main pour les gilets jaunes, le texte ne parle plus de la possibilité offerte aux communes de créer des péages urbains. Une mesure vivement critiquée par les gilets jaunes, et qui figurait dans le texte en octobre. En outre, le projet pose comme impératif de fournir "des solutions alternatives à la voiture individuelle sur 100% du territoire". Pour ce faire, le gouvernement entend donner plus de pouvoir aux collectivités locales pour qu’elles mettent en place des solutions adaptées à leur territoire, comme "une plateforme locale de covoiturage, l’organisation d’un service de transport à la demande, la mise à disposition de véhicules en autopartage, etc."

Toujours pour "développer les transports en commun et désenclaver les territoires", l’exécutif mise sur le privé. "Les entreprises seront désormais mieux associées aux prises de décisions sur la mobilité et elles seront encouragées à s’impliquer pour améliorer les solutions de déplacement pour leurs salariés".

Des investissements en hausse de 40%

Le ministère des Transports entend également mettre en place un "forfait mobilité durable", une sorte de prime qui pourra atteindre 400 euros par an "pour aller au travail en vélo ou en covoiturage". Et promet que le permis de conduire sera "moins cher et plus rapide".

L’exécutif a l’intention d’augmenter les investissements dans les transports du quotidien, pour dépenser 13,4 milliards d’euros d’ici 2022, soit une augmentation de 40% par rapport au quinquennat précédent.

Cette somme sera dépensée, à 51% dans le ferroviaire, et à 39% dans la route, par exemple pour "l’entretien des routes et du réseau ferroviaire, le désenclavement des territoires ruraux, le renforcement de l’offre de trains, les transports en commun propres, etc." Des postes de dépenses loin des grands projets, choisis justement parce qu’ils sont susceptibles d’améliorer les déplacements quotidiens des Français".

Dans le détail, l’État mettre sur la table 1 milliard d’euros sur 10 ans pour "achever la réalisation d’une vingtaine d’axes routiers au coeur des territoires", 6 milliards d’euros" pour désaturer les grands nœuds ferroviaires, afin de multiplier le nombre de trains du quotidien autour des métropoles et dans les liaisons avec les villes moyennes", et enfin 1,2 milliard d’euros sur 10 ans pour "accompagner les collectivités dans leurs investissements dans les transports en commun, pour des déplacements plus propres et partagés".

Nina Godart